Société

Ma vie : Femme divorcée avec trois filles de Hammamet

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Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Sinda, âgée de 38 ans, est divorcée et a la charge de trois filles : Lina, Rym et Emna.

La fille aînée, Lina, a 14 ans et est au collège.

 La cadette, Rym, a 10 ans et est en 4e année primaire dans une école publique.

La plus jeune, Emna, a 4 ans, n’est pas encore scolarisée et fréquente une garderie non loin de leur domicile.

La vie après le divorce

Sinda se confie à nous : « J’ai décidé de divorcer depuis 3 ans. C’était une décision sans appel. Il fallait en finir avec cette relation toxique. Je l’ai fait pour moi et surtout pour mes filles ».

Sinda continue : « J’ai pris la responsabilité de mes 3 filles, toute seule, sans aucun support. Je reçois 300 dinars par mois de pension alimentaire de mon ex. Avec 3 filles, le calcul est vite fait ! C’est une pension de la honte. Je m’en serais bien débarrassée si j’avais les moyens ».

Scandalisée Sinda ajoute : « Avec la hausse des prix et le coût de la vie, cette pension de 300 dinars est dérisoire. Je ne gagne que 1 000 dinars par mois. Je pense sérieusement à porter l’affaire devant la justice pour en demander l’augmentation».

Sinda nous parle de ses finances : « Je loue une maison à Hammamet pour 450 dinars par mois. En plus de cela, je paie 36 dinars par mois pour Internet, 50 dinars pour la SONEDE et 80 dinars pour la STEG. Rien qu’avec ces frais fixes, j’ai déjà dépensé plus de 60 % de mon salaire, et nous n’avons pas encore mangé… C’est injuste et révoltant ».

Sinda précise encore : « Je débourse 125 dinars par mois pour la garderie d’Emna. Pour les deux aînées, les cours particuliers coûtent entre 50 et 70 dinars par matière. Heureusement, ma famille me soutient à la fois moralement et financièrement».

Quitter la Tunisie pour l’Italie

Sinda nous parle de sa famille : « Mes deux frères vivent en Italie. Ils m’envoient 400 dinars par mois par virement postal. Je songe même à quitter la Tunisie pour les rejoindre en Italie. C’est difficile avec trois filles à charge. Il va falloir que je prenne cette décision seule encore une fois !»

Sinda déclare ne pas allouer de budget pour les soins médicaux ni pour les occasions spéciales comme les fêtes et les vacances.

Bien qu’elle ait récemment obtenu son permis de conduire, elle n’a pas de voiture et utilise les transports publics, notamment les taxis collectifs plus abordables.

Sinda partage son rêve : « L’idée de partir en Italie m’obsède. J’ai perdu tout espoir de vivre dignement ici. Comment puis-je garantir un avenir décent à mes filles avec aussi peu de moyens ? Je suis en détresse. Je veux offrir le meilleur à mes filles ».

Le budget familial

Les revenus :

  • Salaire mensuel net de Sinda : 1000 dinars.
  • Pension alimentaire : 300 dinars par mois.
  • 400 dinars d’aide mensuelle envoyée par ses frères en Italie.
  • 400 dinars de la famille en Tunisie à l’occasion de l’Aïd Fitr ou de l’Aïd Kébir.

Les dépenses :

  • 450 dinars de loyer mensuel.
  • 600 dinars/mois pour les dépenses alimentaires et les produits de nettoyage.
  • 36 dinars pour l’abonnement Internet.
  • 50 dinars pour la facture de la SONEDE.
  • 80 dinars pour la facture de la STEG
  • 125 dinars/ mois pour le jardin d’enfants de Emna.
  • 220 dinars/ mois pour les cours particuliers de Lina et Rim.
  • 150 dinars/mois d’argent de poche pour Sinda.

Le budget vestimentaire est estimé à 1 000 dinars par an. La famille s’habille de la fripe.

Sinda ne prévoit pas de budget pour l’Aïd Kébir et sa famille en Tunisie l’aide en lui achetant un mouton.

Sinda déclare rajouter une rallonge budgétaire de 300 à 400 dinars durant le mois de ramadan. L’alimentation durant ce mois lui coûte 900 dinars.

Sinda admet s’endetter auprès de sa famille ou de ses amies proches pour faire face aux fins de mois difficiles, en particulier pour les dépenses liées à la rentrée scolaire.

Sinda bénéficie d’une couverture sociale et possède un compte bancaire.

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Publié par
Tunisie Numérique