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Ma vie: Père de famille de 03 garçons de Gabès

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Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Makram, 45 ans, boulanger salarié.

Camilia, 43 ans, femme au foyer.

La famille habite une maison de 02 étages  au centre-ville de Gabès. Il s’agit d’un héritage du père de Makram   partagé entre les 3 frères héritiers.

Le couple s’est marié il y a 20 ans. Camilia et Makram ont 3 garçons :

  • L’aîné, Heni, a 18 ans . Il a arrêté ses études.
  • Le cadet, Slayem, a 14 ans. Il est en huitième année de base.
  • Le benjamin, Bassem, a 12 ans. Il en 6ème année primaire.

Un mariage familial arrangé :

Makram se confie à nous : « On se connaît, Camilia et moi, depuis tous jeunes. On se voyait souvent. Camilia est ma cousine maternelle. Elle m’était destinée et nos 02 familles se sont données la promesse de nous marier متسمية عليا. C’était un mariage arrangé mais non forcé ».

Camilia prend la parole et nous dit : « Le lien de parenté que nous avons nous a facilité considérablement les formalités lourdes du mariage. On a réduit tant la durée que les coûts du cérémonial. Nous nous sommes mariés dans la maison de ma tante aînée Saida. Elle a la plus grande maison pour accueillir les convives et organiser les festivités. C’était familial et chaleureux, sans étrangers ni chichis ».

Cumuler 2 boulots pour survivre :

Makram travaille dans une boulangerie. Il a appris le métier de son père mais il n’a malheureusement pas pu lancer sa propre affaire. Il touche un salaire de 1 000 dinars par mois.

Makram nous dit à ce sujet : « Je suis boulanger de père en fils. Je n’ai pas le capital nécessaire pour ouvrir ma boulangerie malgré mon ‘‘talent’’. Je dois travailler en tant que salarié mais ma paie de 1 000 dinars ne suffit pas à couvrir les dépenses quotidiennes d’une famille de 03 ‘‘hommes’’ ».

Makram lance avec ironie : « On ne peut vivre de pain et d’olives – نعيش على الخبز والزيتون que dans les chansons ».

Makram continue : « J’adore mon métier de boulanger mais je ne peux pas compter sur un seul salaire pour vivre. Je dois me chercher un deuxième travail. C’est la seule solution ».

Makram parle de son deuxième boulot : « J’ai fait appel à mes connaissances de jeunesse, quand je jouais dans l’équipe locale de football. Grâce à mes contacts,  je suis garde matériel dans un club. Le matin je suis boulanger, le soir et le week-end je suis garde matériel. Ceci me permet de m’en sortir. Ce deuxième travail est ma bouée de sauvetage ».

Le rêve familial

Makram nous confie son rêve : « Je rêve de finir la construction du deuxième étage de la maison pour bien y vivre avec les garçons. Je veux ouvrir ma boulangerie au rez-de chaussée. Je ne cumulerai plus les boulots et je pourrai m’en sortir. Ce rêve m’obsède ».

Camilia intervient : « Kacem a tout mon soutien. On doit lancer notre propre boulangerie. C’est le seul moyen de retenir notre fils aîné Heni et de le dissuader de ne pas émigrer clandestinement ».

Camilia rajoute : « Je fais tout pour la réussite de mes 2 autres enfants. Je suis à la fois la maman et l’enseignante. C’est vrai que je suis femme au foyer mais j’ai un baccalauréat en poche ! ».

Camilia soupire et reprend tristement : « Je n’ai pas pu trouver un travail pour contribuer aux dépenses familiales et aider mon mari. Tant pis, je suis femme au foyer, c’est un travail à part entière. Comme me dit Makram, sans moi il n’y aurait pas de famille ‘‘ je suis tout – أنا الكل في الكل’’ ».

Le budget familial :

Makram gagne, avec les 2 boulots, 1 500 dinars par mois.

  • Facture de la STEG :120 dinars
  • Facture de la SONEDE : 70 dinars
  • Produits alimentaires et d’entretien : 600 dinars / mois
  • Frais de scolarité des enfants : 100 dinars / mois
  • Argent de poche de Makram : 150 dinars / mois
  • Argent de poche de Camilia et des enfants : 120 dinars / mois
  • Budget vestimentaire annuel pour toute la famille : 1 000 dinars
  • Budget spécial Ramadhan : 600 dinars
  • Budget Aïd Sghir : 300 dinars
  • Budget Aïd Kebir : 500 dinars en moyenne pour le mouton

La famille bénéficie d’une couverture sociale.

Makram n’a qu’un compte postal. Camilia n’a ni compte bancaire, ni postal

La famille ne prévoit pas de budget pour les vacances d’été.

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Publié par
Tunisie Numérique