Société

Ma vie: Un couple sans enfants à Khaznadar

Ma vie: Un couple sans enfants à Khaznadar

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir  comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Le mari: Riadh, 47 ans, gérant d’un Hammas (supérette-tabagie)

La femme: Imen, 35 ans, coach sportive  

Marié depuis deux ans, le couple vit dans une maison de location à Khaznadar à Tunis. La famille  s’acquitte d’un loyer mensuel de 450 dinars/mois. Le couple ne possède pas de voiture.

Riadh travaille à Khaznadar là où il habite, il n’a pas besoin de transport, tandis que sa femme utilise le métro pour se déplacer.

 Riadh gagne 1200 dinars/mois. Imen touche 800 dinars/mois.

Riadh affirme qu’il n’a jamais contracté un crédit de sa vie.

Le couple déclare qu’il cotise pour la CNSS.

Riadh

Originaire de Médenine, Riadh travaille depuis tout petit en tant que gérant de “Hammas” (superette-tabagie) dans sa ville natale. Issu d’une famille très pauvre du Sud tunisien, il était obligé de partir chercher un travail à Tunis pour pouvoir aider sa famille. Il était d’emblée comptoiriste, au début de sa carrière et gagnait près de 700 dinars/mois. Actuellement, Riadh travaille pour le propriétaire d’un Hammas à Khaznadar qu’il gère à tour de rôle.

“J’ai prouvé à ma famille que le travail acharné et les sacrifices peuvent nous mener loin. Si on n’est pas fait pour les études, on pourrait trouver sa voie vers le succès ailleurs” dit Riadh.

A ses débuts à Tunis, quand Riadh était plus jeune, il dormait sur son lieu de travail pour épargner et pouvoir assumer la vie chère de la capitale.

“J’ai toujours envoyé l’argent à ma famille pour l’aider”.

Après avoir acquis une expérience suffisante, Riadh affirme que son salaire s’est notablement amélioré. Travaillant 12 heures par jour, Riadh se charge même de la torréfaction des fruits secs. Il  a tissé de bonnes relations professionnelles avec les fournisseurs.

Riadh est petit de taille et très mince. Il est calme et agréable. Très apprécié dans son quartier, il permet à ses voisins d’acheter à crédit. D’ailleurs, il a fait la connaissance de sa femme sans sortir de sa supérette. En fait, sa femme a été d’abord sa cliente.

Avec le mariage, Riadh affirme que sa vie s’est arrangée, “tout va bien maintenant”, dit-il.

“Depuis mon mariage, il y a deux ans, je travaille plus: de 6H du matin à 18H du soir. Ensuite, je rentre et c’est le propriétaire qui prend la relève. A vrai dire, ma vie a complètement changé après le mariage, je n’avais pas autant de dépenses avant. Maintenant, j’ai un loyer à payer, je dépense beaucoup d’argent. C’est ça la vie de quelqu’un  de marié, j’espère atteindre mes objectifs, Inchallah !” dit-il.

“Pour nous, les gens du Sud, le projet d’un Hammas est un projet à succès, la réussite est assurée parce qu’on sait travailler”, dit Riadh. “Pour cela, mon rêve est d’ouvrir un grand Hammas pour y travailler avec ma femme”.

“J’ai estimé ce projet à environ 40 mille dinars, avec 15-20 mille dinars je ne peux pas le faire”.

On demande à Riadh si sa femme va abandonner son travail pour se consacrer à son futur projet.

Riadh: “Oui, c’est notre programme, si dieu le veut. D’ailleurs, elle le désire aussi parce qu’actuellement elle travaille beaucoup et elle n’est pas bien payée, elle veut qu’on ait notre projet et qu’on s’entraide”.

Imen

Imen est très athlétique vu son travail dans le sport.

“Je suis restée longtemps au chômage avant de trouver mon travail actuel. Je travaille au centre ville dans une salle de sport. En début de carrière, ça ne paie pas bien, il est difficile de décrocher un job”. 

“Je pense qu’on ne peut pas devenir riche si on est salarié et qu’on travaille pour quelqu’un d’autre. Moi et mon mari, toute notre vie, on a voulu être indépendants financièrement. Riadh a bossé dur pour les autres depuis son enfance”.

“On a décidé d’avoir un enfant dès qu’on sera à l’aise financièrement”.

“Pour pouvoir s’offrir des vacances en été, on fait des économies pendant toute l’année. On sort moins au cours de la semaine et on essaie de dépenser moins pour les courses. De cette façon, on économise environ 150 dinars/mois pour nos vacances”.

“Mon mari n’aime pas les crédits bancaires mais parfois il empreinte de l’argent auprès de ses amis”. 

“Dieu merci, ma famille habite dans le même quartier, on est souvent invités chez eux. Parfois, en rentrant de mon travail, je passe chez eux pour prendre des petits plats. Ca nous aide beaucoup”. 

Budget de la famille

Salaire de Riadh 1 200 dinars et salaire de Imen 800 dinars par mois.

Les dépenses ci-dessous sont prises en charge par Riadh :

  • 450 dinars/mois loyer
  • 120 dinars/bimestriel facture de la STEG
  • 40 dinars/trimestre facture de la SONEDE
  • 32 dinars/ mois ADSL

Le couple affirme qu’il partage les dépenses suivantes:

  • 100 dinars/mois cagnotte pour Aid Sghir et Aid Kebir
  • 550 dinars/mois nourriture et dépenses pour les produits de la maison.
  • 100 dinars/mois argent de poche pour Riadh (Coiffeur et Hammam)
  • 100 dinars/mois argent de poche pour Imen
  • 70 dinars/semaine budget pour les loisirs
  • 50 dinars/mois budget vestimentaire
  • 50 dinars /mois pour les médicaments
  • 60 dinars/mois cagnotte pour les vacances d’été.

Les vêtements neufs de l’Aïd et le mouton de l’Aïd sont des incontournables pour le couple.

Parfois, le couple passe le weekend à l’hôtel à Hammamet ou à Sousse.

 

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