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Mali-CEDEAO : Des sanctions sans précédent au nom du retour de la démocratie

Mali-CEDEAO : Des sanctions sans précédent au nom du retour de la démocratie

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pris ses responsabilités en frappant un grand coup sur la tête de la junte au pouvoir au Mali. En effet la puissante organisation ouest-africaine a décidé de mettre le holà à la bravade des militaires qui louvoient et lambinent pour organiser des élections et céder leurs fauteuils aux civils. Il a été décidé de geler immédiatement les avoirs de l’Etat déposés à la Banque centrale des Etats de l’Afrique l’Ouest, de geler l’aide financière de l’organisation, de stopper les échanges commerciaux avec les autres pays de la région mis à part les produits pharmaceutiques et les denrées de première nécessité et enfin de freiner la circulation des personnes. Le Mali a réagi très énergiquement ce lundi 10 janvier…

Le report de 5 ans et demi du retour des militaires dans les casernes a été la provocation de trop. Les chefs d’Etat de la CEDEAO et de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), qui se sont rencontrés hier dimanche à Accra, au Ghana, ont rétorqué que l’échéance avancée par la junte malienne est «totalement inacceptable»

«Les sanctions seront progressivement levées à la seule condition qu’un calendrier acceptable et entériné aura été finalisé et que des progrès satisfaisants auront été effectués dans la mise en application du calendrier électoral», indique le communiqué de la CEDEAO.

Le porte-parole du gouvernement malien, Abdoulaye Maïga, a fait savoir que l’exécutif dénonce «le caractère inhumain» des sanctions draconiennes de l’organisation qui frapperont directement des populations déjà affectées par les périls sécuritaire et sanitaire. Le gouvernement parle de décisions «malencontreuses, illégales et illégitimes» de la CEDEAO…

Bon, en l’état on ne voit pas comment le Mali, seul face à ces puissances régionales (Nigéria, première économie d’Afrique, Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal dont Bamako dépend tant pour les échanges économiques…), pourra répliquer à la hauteur du tour de vis de la CEDEAO. En fait puisqu’elle ne peut pas intervenir militairement pour déloger les soldats au pouvoir, l’organisation régionale cherche à asphyxier l’économie du pays afin de pousser les citoyens à se désolidariser des militaires et les pousser vers la sortie…

Par ailleurs la CEDEAO a été assez patiente avec la junte, laquelle a déjà deux coups d’Etat à son actif – août 2020 et mai 2021 – sans que personne ne puisse la ramener à la raison. Le président français, Emmanuel Macron, s’en était ému, avait même menacé de stopper le partenariat militaire avec le Mali, mais rien n’y a fait. Macron avait d’ailleurs décidé de faire une virée à Bamako pour dire deux mots au chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, mais la pandémie a fait capoter le voyage. Pour corser leur addition, les militaires au pouvoir se sont mis à faire affaire avec la Russie et ses miliciens, en dépit des démentis formels

Enfin les chefs d’Etat ouest-africains sont certainement aussi mus par la volonté de stopper net cette résurgence des putschs dont ils pourraient eux-mêmes pâtir vu leur manque d’efficience dans la résolution des problèmes de leurs populations. Alors il était urgent de cogner fort au Mali. La Guinée est certainement la prochaine sur la liste. Puis le Tchad…

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