Il fallait une réaction d’orgueil de la Russie après la sévère déroute de ses troupes – la milice Wagner – qui appuyaient l’armée malienne face aux rebelles et islamistes armés, Moscou a officiellement réagi 7 jours après les lourdes pertes humaines et matérielles infligées par l’alliance des groupes armés à dominante touareg (CSP-DPA). Le Kremlin n’est pas content et le mot est faible…
La Russie a formellement accusé ce mercredi 7 août l’Ukraine d’ouvrir “un deuxième front” en Afrique en épaulant “des groupes terroristes (…). Incapable de vaincre la Russie sur le champ de bataille, le régime criminel de (Volodymyr) Zelensky a décidé d’ouvrir un ‘deuxième front’ en Afrique et soutient des groupes terroristes dans des États du continent favorables à Moscou“, a pesté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, citée par l’agence Ria Novosti.
“Incapable de vaincre la Russie…“, on pourrait retourner l’argumentaire à Moscou, qui depuis le 24 février 2022 est très loin d’avoir atteint ses objectifs de départ. Le Kremlin vient de perdre un sous-marin, un fleuron de sa force navale, à ajouter à tous ses bateaux cramés par les drones, torpilles et missiles ukrainiens ; idem pour les dépôts de carburant, sans parler des soldats russes qui meurent par dizaines de milliers sur le front (on n’aura jamais le chiffre exact). La seule chose qui permet à Moscou de faire illusion c’est la frilosité des soutiens occidentaux, qui empêchent l’Ukraine de frapper le sol russe.
Le coup de sang de Mme Zakharova confirme que des dizaines de mercenaires du groupe Wagner et de soldats maliens ont été éliminés par les séparatistes et djihadistes, si le coup n’était pas rude Moscou ne se donnerait pas la peine de le commenter. D’après les experts c’est le revers le plus cinglant subi par Wagner en Afrique. Après cette humiliation pour la grande Russie de Vladimir Poutine un responsable du renseignement militaire ukrainien, Andriï Ioussov, avait sous-entendu que Kiev avait livré des informations capitales aux rebelles pour frapper.
Ces demi-aveux ont provoqué la colère de la junte malienne, qui a accusé Andriï Ioussov d’avoir reconnu publiquement “l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare” et son soutien au “terrorisme international“. Bamako est vite passé aux actes en rompant dimanche dernier toute relation diplomatique avec Kiev. Les putschistes du Niger ont suivi leurs “frères maliens”…
Ces nations – plus le Burkina Faso – ont fait le choix radical de couper net avec la France et la CEDEAO pour faire affaire avec la Russie, la Chine, etc. Elles ont également pris la décision de bâtir un destin commun à travers l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Le moins qu’on puisse dire est qu’dépit de la grandiloquence et des fanfaronnades des putschistes aucun des actes qu’ils ont posés n’a apporté une once de solution à leurs problèmes endémiques. Ce n’est pas la haine de la France et maintenant de l’Ukraine qui va développer ces pays et donner à manger aux populations.
Voici le communiqué publié par le ministère ukrainien des Affaires étrangères après l’annonce du Mali :
“La décision du Gouvernement de Transition de la République du Mali de rompre les relations diplomatiques avec l’Ukraine est à courte vue et précipitée, étant donné que l’Ukraine, victime d’une agression armée massive et non provoquée de la part de la Fédération de Russie, met tout en œuvre, avec le soutien de la communauté internationale, pour rétablir la justice et le respect du droit international, qui vise à protéger tous les pays du monde, y compris les pays africains, contre les atteintes à leur souveraineté, à leur indépendance et à leur intégrité territoriale.
L’Ukraine adhère inconditionnellement au droit international, à l’inviolabilité de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des autres pays et rejette fermement les accusations du Gouvernement de Transition du Mali concernant un prétendu “soutien de l’Ukraine au terrorisme international”.
Nous vous rappelons que c’est l’Ukraine, au vingtième siècle, qui, en tant que l’un des fondateurs des Nations Unies, a activement soutenu le droit des peuples d’Afrique à l’indépendance et à la décolonisation, y compris la République du Mali.
Au lieu de cela, la Fédération de Russie, en poursuivant son agression armée massive et non provoquée contre l’Ukraine, détruit l’architecture de la sécurité internationale et viole les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies, qui garantissent notamment le droit des pays africains à un avenir libre.
L’Ukraine est connue en Afrique comme un contributeur important à la sécurité régionale. Son contingent de Сasques bleus a apporté une contribution significative à un certain nombre d’opérations de maintien de la paix sous l’égide des Nations unies, notamment la mission de l’ONU au Mali de 2019 à 2022.
Il est regrettable que le Gouvernement de Transition de la République du Mali ait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine sans avoir mené d’enquête approfondie sur les faits et les circonstances de l’incident survenu dans le nord du Mali, et sans fournir de preuves de l’implication de l’Ukraine dans cet incident.
Cette décision ne tient pas compte du fait que les structures militaires contrôlées par le Kremlin, y compris Wagner, utilisent des méthodes terroristes et sont directement impliquées dans de nombreux crimes de guerre, meurtres de civils et mauvais traitements de prisonniers de guerre, tant en Ukraine qu’en Afrique.
L’Ukraine se réserve le droit de prendre toutes les mesures politiques et diplomatiques nécessaires en réponse aux actions inamicales du Gouvernement de Transition de la République du Mali”.
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