On attendait du Colonel Assimi Goïta, chef des putschistes et président d’une transition qui s’éternise, qu’il donne un calendrier précis pour organiser des élections au terme desquelles le pouvoir serait rendu aux civils, conformément à l’engagement pris par la junte après son premier coup d’Etat, en 2020. Il n’en sera rien, Goïta a d’autres urgences : il s’est autoproclamé Général d’armée avec un titre spécial, une distinction qui le place au sommet de la hiérarchie militaire de son pays. Ça c’est fait comme ça, du journal au lendemain…
Dans toute l’histoire du Mali seuls deux anciens chefs d’État s’étaient hissés à ce rang, le Colonel autoproclamé Général les a rejoints, une auto-promotion que rien ne justifie, ni sur le plan politique et constitutionnel, ni sur le plan sécuritaire (rappelons les derniers revers sanglants de l’armée de Goïta, épaulée par les Russes, face aux rebelles), ni sur le plan financier et économique.
Le Colonel malien a fait comme son collègue putschiste de la Guinée, Mamadi Doumbouya, à la différence que ce dernier s’était limité au grade de Général de corps d’armée (il a enjambé les grades de Général de brigade et Général de division). On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer, pleurer sur cette Afrique qui se vautre dans le tragi-comique alors que partout ailleurs dans le monde les institutions avancent, se modernisent (sauf en Russie, en Chine, en Iran, etc.)
Le Général Goïta ne festoiera pas tout seul, il a élevé 5 autres colonels influents de la junte au grade de Généraux 4 étoiles, «à titre exceptionnel» (Sadio Camara, le ministre de la Défense ; Malick Diaw, président de l’organe législatif ; Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation et Modibo Koné, chef du renseignement). Bref, l’autorité militaire accroît son étreinte sur les affaires et la direction du pays…
Rien qui ressemble, de près ou de loin, à un cheminement vers le retour à l’ordre constitutionnel, après des élections générales en bonne et due forme. Les putschistes ont manqué tous les rendez-vous, ils n’ont honoré aucun engagement sur les dates et multiplient les subterfuges pour ne pas organiser le scrutin. Entre temps l’armée étend ses tentacules pour que le vrai pouvoir reste entre les mains des militaires, même après une élection factice.
En parlant d’élection, les partis qui ont accepté – beaucoup de formations de l’opposition ont boycotté – de prendre part au Dialogue national auraient validé la probable candidature du désormais Général Goïta à la compétition dont la date a été renvoyée aux calendes grecques. Donc tout ça est cousu de fil blanc, l’armée ne lâchera plus les manettes, qu’elle soit devant ou derrière la scène…
Et si les Maliens ne s’y opposent pas frontalement et massivement, comme ils l’ont fait avec le président Ibrahim Boubacar Keïta, cela signifie une seule chose : ils consentent à être dirigés de la sorte. Et tant pis pour les vraies urgences du pays. On ne parachutera pas la démocratie et l’Etat de droit, ce temps est révolu, ce que le Mali sera ce sont les Maliens qui en décideront.
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