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Maroc : 12 397 faillites d’entreprises l’an dernier, 8 fois plus qu’en Tunisie et pourtant…

Maroc : 12 397 faillites d’entreprises l’an dernier, 8 fois plus qu’en Tunisie et pourtant…

Le Haut Commissariat au Plan (HCP), la ministre des Finances et même la Banque mondiale ont dit que ça ira beaucoup mieux au Maroc cette année. En attendant jetons un oeil sur les dégâts de la crise de 2022. Ce chiffre à lui tout seul résume les conséquences terribles de la mauvaise croissance de l’an dernier : 12 397 entreprises ont fait faillite, +17,4% par rapport au bilan antérieur.

La Tunisie, en dépit de sa montagne de difficultés, semble être mieux lotie sur ce plan. Le PDG de la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), Labid Zaâfrane, a fait savoir dernièrement que 3 à 4 entreprises disparaissent quotidiennement en Tunisie. Même en prenant la fourchette haute – 4 entreprises -, ça fait 1460 faillites par an, 8 fois moins qu’au Maroc…

Plus grave encore pour l’économie du royaume : le nombre de sociétés créées a littéralement plongé, rapporte L’Economiste dans son édition d’hier mercredi 18 janvier. Le journal, en reprenant une étude du cabinet Inforisk, précise que pour chaque entreprise qui a disparu en 2022 quatre seulement ont émergé, contre cinq en 2021.

Ce sont surtout les six derniers mois de l’année passée qui ont accentué le virage des dépôts de bilan, +24% en comparaison avec 2021. Les entreprises qui ont mis la clé sous la porte «ont été fortement impactées par les effets de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, laquelle est à l’origine d’une inflation inédite», dit la même source.

Pourtant ces boîtes avaient à leur disposition des lignes de crédit et en ont bien profité, à ajouter aux mesures gouvernementales pour dynamiser le secteur productif. Par exemple la montée des plafonds de garantie dans le cadre du dispositif Tamwilcom (ex-Caisse centrale de garantie) pour hausser le niveau de l’offre de crédits de trésorerie. Il y a aussi le rééchelonnement des crédits Oxygène et Relance, jusqu’à 3 ans.

«Pour autant, les deux crises ont mis à genoux les structures les plus fragiles, en particulier les très petites entreprises qui doivent le plus souvent jongler avec de longs délais de paiement», indique le quotidien. Les gros ont pu résister à la tempête, les faibles ont périclité, d’ailleurs 99,3% des cessations d’activités concernent les très petites et moyennes entreprises (TPME). Les PME et les grandes entreprises s’en sont beaucoup mieux sorties…

Les délais de paiement font partie des principales causes de l’essoufflement des entreprises. Dans le détail c’est le secteur du commerce qui a le plus pâti de la conjoncture actuelle, puis vient l’immobilier, ensuite le bâtiment et les travaux publics, le transport et enfin l’industrie manufacturière.

Reste à savoir ce que la nouvelle loi sur les délais de paiement, qui vient d’être adoptée par la Chambre des représentants, sera en mesure de faire pour donner aux entrepreneurs un cadre plus favorable et surtout leur ouvrir les garanties qui leur permettront de résister aux bourrasques…

Ce qu’on sait c’est qu’en 2021 il y a eu beaucoup moins d’aide publique, pourtant les créations d’entreprises ont explosé (58 408 nouvelles entreprises, 70% du total des entreprises créées au Maghreb) et il y a eu moins de faillites (10 556). Donc paradoxalement quand l’Etat met plus d’argent sur la table pour épauler les entreprises ça marche moins bien. De toute évidence quelque chose ne tourne pas rond et il faudra y apporter des correctifs. A commencer peut-être par un meilleur accompagnement des entrepreneurs.

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