On sait que le Maroc est englué dans une sécheresse chronique, que cela coûte très cher à l’économie et au taux de croissance du royaume, même si le gouvernement dépense des milliards de dollars pour pallier le stress hydrique. On sait que même les bonnes prévisions de croissance pour 2025 sont tributaires de la manne céleste, en dépit des assurances de la Banque centrale marocaine. Le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) est revenu sur l’impact de la rareté de l’eau au Maroc. Le diagnostic est terrible…
«Le Maroc est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde. Avec une dotation estimée à environ 620 m³ d’eau par personne et par an, le Royaume est déjà confronté à un stress hydrique structurel», souligne la BM dans une analyse dédiée aux contrecoups des fléaux de la sécheresse et de la pénurie d’eau sur la situation macroéconomique du Maroc…
Le péril pourrait être accentué par la pression démographique, la hausse des besoins des secteurs de l’économie et les effets négatifs du changement climatique. La dotation en eau pourrait même chuter lourdement, en-dessous de 500 m³ par personne et par an d’ici 2030. Ce serait tout simplement l’état de pénurie absolue.
Et puis il y a l’impact sur le produit intérieur brut (PIB), dévastateur. Le PIB du royaume perdre jusqu’à 6,5%. La raison : la montée de la consommation d’eau dans plusieurs segments vitaux (eau potable, agriculture, industrie, tourisme). La dynamique pourrait provoquer une pénurie aux conséquences incalculable sur l’ensemble de l’économie. Evidemment le secteur agricole serait le plus frappé, provoquant un recours massif aux importations, notamment les céréales, pour résorber le trou laissé par la production locale.
Le Maroc importe déjà beaucoup pour régler ses problèmes, que dire si le stress hydrique empire. C’est tout bonnement la sécurité alimentaire du pays qui est menacée, d’après l’analyse de la BM.
Par ailleurs les sécheresses, selon le même document, peuvent impacter directement et indirectement la stabilité du secteur bancaire marocain. Les pertes agricoles peuvent contaminer d’autres secteurs, du fait des passerelles avec l’agro-industrie et l’agroalimentaire, lesquelles pèsent quelque 27% dans la production industrielle et 5% dans le PIB…
Cet enchaînement pourrait provoquer des difficultés dans le remboursement des crédits (risque de crédit), une instabilité des marchés financiers (risque de marché) et des tensions sur la liquidité des banques (risque de liquidité).
Les problèmes de l’agriculture, secteur phare de l’économie marocaine, impacteront également les exportations. On peut citer les tomates et les fraises marocaines vendues en Europe, de grosses sources de revenus pour les agriculteurs et les caisses du royaume. Si l’eau continue de manquer comment garder les places de leader en Europe ?
Le Maroc s’active pour trouver des solutions, le méga plan d’investissement dans les infrastructures hydrauliques pour la période 2020-2050 le démontre. Ce programme est doté d’une enveloppe prévisionnelle de 41,3 milliards de dollars sur 30 ans. Très ambitieux mais en-deçà des défis du pays, juge la BM. Elle recommande une planification plus efficiente et une gestion optimisée des ressources en eau…
Le rapport suggère aussi la révision à la hausse des prix de l’eau pour obliger les consommateurs à lever le pied, notamment pour les eaux souterraines, dont les réserves fondent avec une vitesse inquiétante.
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