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Maroc : le Parlement européen frappe et c’est la France qui est punie

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La visite de la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, à Rabat couronnée par l’annonce du retour à la normale des relations consulaires entre les deux pays – essentiellement la fin des restrictions sur les visas – devait marquer le début d’un dégel entre la France et le Maroc, après des mois de tensions diplomatiques. Patatras : la résolution du Parlement européen condamnant le Maroc pour les violations des libertés et droits humains a tout envoyé valser…

De tous les pays européens Rabat désigne la France comme l’instigatrice du tacle européen. Et le fait que le président Emmanuel Macron eût l’air gêné par une question sur la résolution Parlement européen est la preuve qu’attendaient ceux qui soupçonnent Paris. C’est un peu mince pour incriminer l’exécutif et les parlementaires français, mais quand on veut coûte que coûte trouver un coupable au lieu de réfléchir sur le bien-fondé de la condamnation, tout est bon à prendre.

«Sans commentaire», c’est ce qu’a rétorqué Macron à la question sur la résolution des députés européens, avant d’ajouter qu’«il est inconvenant de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays amis». Le quotidien marocain Al Ahdath Al Maghribi s’est fait un plaisir hier lundi 24 janvier de rapporter les propos du président français pour électriser les rangs des détracteurs de la France, idem pour le journal Le 360, réputé proche de la monarchie.

Par contre les Marocains ont adoré les déclarations péremptoires du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui font suite au vote de ses députés au Parlement européen. Sanchez a été cohérent en rejetant la décision européenne après que les parlementaires espagnols ont voté contre la résolution…

Il ne s’est pas arrêté là, il a magnifié les relations entre l’Espagne et le Maroc, qu’il a personnellement réchauffées en faisant une virée à Rabat en avril 2022. Madrid jusqu’ici défendait ben et ongles les intérêts des Marocains auprès des pays de l’Union européenne mais la bourrasque du “Qatargate” a tout balayé cette fois, et l’Espagne pourra difficilement tirer d’affaire son partenaire.

Pas plus tard que la semaine dernière, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a déclaré ceci : «L’Espagne, l’Europe et le Maroc partageaient des intérêts vitaux. Le Maroc est un pays voisin et un partenaire stratégique de l’Espagne et de l’Europe avec lequel nous partageons la gestion et le contrôle de l’immigration clandestine, la lutte contre l’idéologie jihadiste, l’engagement pour le développement commun et l’intérêt pour l’Afrique». Il a ajouté que «sans la coopération avec le Maroc, l’Espagne et l’Europe ne peuvent démanteler les cellules jihadistes et procéder à l’arrestation des terroristes».

Certes, mais Quid de la place de la France et des Français au Maroc ? Rappelons que les investissements français sont les deuxièmes dans le royaume – détrônés il y a peu par les Américains – et le Maroc fait partie du Top 5 des destinations préférées des retraités français. Sans parler des autres gros intérêts entre les deux pays. Mais tout ça est balayé d’un revers de la main quand la France a le malheur de dire quelques vérités, et encore on n’a même pas la preuve de tout ce dont on l’accuse…

Mais coupable ou pas, l’essentiel est ailleurs pour les Marocains : Trouver vite quelqu’un à qui coller l’opprobre que le Parlement européen a jeté sur le royaume. Evidemment vous n’entendrez ni le palais royal ni le gouvernement commenter officiellement la main de la France derrière ledit complot européen, mais Mohammed VI et Aziz Akhannouch n’en ont pas besoin, “leurs journaux” et les analystes le font à leur place.

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