Le groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD) a interpellé les ministres marocains de l’Intérieur et des Affaires islamiques au sujet de ce qu’il qualifie de “prolifération d’églises informelles” à Casablanca.
Dans deux questions écrites adressées à Abdelouafi Laftite et Ahmed Taoufiq, le député Abdessamad Haiker, également ancien premier vice-président de la commune urbaine de Casablanca, s’inquiète de la montée en nombre de lieux de culte chrétiens non déclarés, notamment dans les quartiers populaires.
Des espaces de prière jugés préoccupants
Selon le parlementaire islamiste, plusieurs espaces souterrains et autres locaux discrets seraient aujourd’hui utilisés pour accueillir des communautés chrétiennes à Casablanca, en dehors du cadre légal. Il évoque un phénomène grandissant qui, selon lui, trouble une partie de l’opinion publique.
Dans son argumentaire, Haiker estime que ces lieux informels de prière sont susceptibles de “priver les citoyens du sentiment de sécurité spirituelle”, une formule qui a suscité des réactions contrastées sur les réseaux sociaux et dans certains cercles de défense des libertés religieuses.
Une demande de clarification sur les autorisations
Le député PJD appelle les deux ministres concernés à fournir des réponses précises sur l’identité des entités responsables de ces églises informelles, ainsi que sur les éventuelles autorisations administratives accordées à ces lieux de culte. Il insiste sur la nécessité de savoir si ces installations ont reçu un cadre légal ou s’il s’agit d’initiatives privées opérant en dehors de toute reconnaissance officielle.
Il appelle également à des mesures concrètes de la part de l’État pour « endiguer ce phénomène » qu’il juge préoccupant pour la cohésion religieuse nationale.
Un débat sensible dans un pays à majorité musulmane
Cette interpellation intervient dans un contexte marocain sensible, où la question de la liberté de culte est reconnue dans la Constitution mais encadrée strictement dans la pratique. Le Maroc reconnaît officiellement les religions musulmane et juive, et tolère la pratique du christianisme pour les étrangers, tout en restant vigilant quant à toute forme de prosélytisme ou d’activité religieuse non encadrée.
Un cadre royal qui prône la pluralité religieuse
Il est à rappeler que le roi Mohammed VI, en tant que commandeur des croyants, avait déclaré à plusieurs reprises son attachement à la protection de toutes les confessions présentes sur le territoire marocain. En novembre 2016 à Madagascar, il affirmait être le garant “des croyants de toutes les religions”, un message réaffirmé en mars 2019 à Rabat lors de la visite officielle du pape François.
Ces positions royales sont régulièrement mises en avant pour souligner l’attachement du Maroc à un islam modéré et tolérant, bien que des tensions persistent ponctuellement autour de l’exercice religieux non musulman.
Vers un débat national sur la régulation des lieux de culte ?
Les questions posées par le PJD au Parlement pourraient relancer le débat sur la régulation des pratiques religieuses alternatives, et sur le rôle que doit jouer l’État dans l’encadrement ou la reconnaissance de lieux de culte autres que musulmans.
La réponse des ministères concernés sera sans doute scrutée de près par les observateurs locaux et internationaux, notamment dans un contexte où la liberté religieuse demeure un indicateur important pour les droits humains.
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