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Même ça Tunis l’a raté, heureusement que l’Ambassadeur français l’a fait

Même ça Tunis l’a raté, heureusement que l’Ambassadeur français l’a fait

Toutes les personnes qui avaient l’âge de raison le 6 février 2013 n’ont pas pu oublier. Il y a 10 ans jour pour jour l’activiste politique Chokri Belaïd, ennemi irréductible des islamistes, tombait sous les balles des mêmes islamistes qu’il dénonçait énergiquement et inlassablement. Un assassinat politique qui a profondément bouleversé le pays et sonné le glas de la Troïka.

Ennahdha et compagnie ont collectionné les sorties de route depuis qu’ils ont pris les rênes au terme des élections de 2011. La gestion du pouvoir à laquelle ils n’étaient absolument pas préparés, après toutes ces décennies de prison et d’exil, a viré au cauchemar, le pire à ce jour depuis la dite Révolution.

L’Assemblée nationale constituante (ANC), qui était censée livrer rapidement un texte constitutionnel pour mettre sur de bons rails la deuxième République, a sciemment fait traîner en longueur. L’incapacité notoire des dirigeants d’un côté et de l’autre les inepties des députés autour des points de détails, le cocktail explosif était en place pour que le pays soit à la dérive…

Et il dériva au point que deux meurtres politiques se produisirent dans un intervalle de 5 mois – le député Mohamed Brahmi a été abattu devant son domicile le 25 juillet 2013, en dépit de l’alerte du renseignement américain. Sans parler de toutes les autres horreurs dont Rached Ghannouchi et ses acolytes portent au moins la responsabilité politique. Pour ce qui est de leur responsabilité judiciaire c’est aux tribunaux d’en décider.

Mais une chose est certaine : Belaïd et Brahmi ne sont pas morts pour rien. Le sang qu’ils ont versé a été le carburant qui attisa le feu autour des islamistes au pouvoir. A partir de là le compte à rebours se déclencha. Le sit-in de la place du Bardo installa ses quartiers jusqu’à bouter hors du pouvoir la tristement célèbre Troïka dont le sombre règne sera à jamais associé au martyre du peuple tunisien.

Il y a dix ans, Chokri Belaid était lâchement assassiné: la Tunisie perdait l’une de ses voix les plus libres et les plus courageuses. Je salue sa mémoire. Puisse toute la lumière être faite sur ce crime odieux“, a tweeté aujourd’hui l’Ambassadeur de la France à Tunis, André Parant…

Du côté des autorités tunisiennes on se contentera de l’annonce d’une commission pour traquer et faire payer tous ceux qui ont trempé dans ces odieux assassinats. “Quand je veux enterrer une affaire, je crée une  commission“, disait l’autre. Il faut souhaiter que les affaires Belaïd et Brahmi ne finiront pas ainsi. En tout cas sur le papier la promesse du ministère de la Justice est très belle, comme l’étaient aussi les engagements de Feu le président Béji Caïd Essebsi. 10 ans après on y est encore. Alors croisons les doigts et suivons à la trace Leila Jaffel…

On regrettera juste que les autorités n’aient pas jugé utile de rendre un hommage public à Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi pour marquer les 10 ans de ces tragédies nationales, comme l’a fait l’Ambassadeur français. Ces martyrs le méritaient. Encore une occasion ratée et c’est bien dommage, surtout pour la pédagogie auprès des jeunes générations.

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