Economie

MENA : Moins d’une femme sur quatre en âge de travailler a un emploi

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La question du travail est un enjeu de toute première importance et aujourd’hui, dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), moins d’une femme sur quatre en âge de travailler a un emploi, et le taux d’activité des femmes est le plus faible au monde, indique Christopher Stephens, vice-président principal et conseiller juridique du Groupe de la Banque mondiale dans un billet paru récemment.

Le manque d’accès à l’éducation, à la formation professionnelle, aux biens, au capital, à une nutrition et à des soins de santé adéquats, ainsi que les mariages précoces, la violence de genre et la discrimination au travail font obstacle à toute avancée majeure, note l’expert.

Le rythme des réformes a ralenti

Dans ce contexte, l’égalité et l’équité de traitement entre hommes et femmes sont un impératif moral, mais pas seulement. L’analyse des données disponibles et l’ensemble des faits et de l’expérience recueillis à travers le monde démontrent clairement que l’inclusion des femmes favorise aussi la croissance économique et la stabilité, en particulier en période de difficultés budgétaires.

L’expert précise qu’au cours des 50 dernières années, les pays ont adopté plus de 2 000 réformes législatives dans toutes les catégories d’égalité examinées : la mobilité des femmes, les droits matrimoniaux, l’environnement de travail, le droit de posséder des biens et de créer des entreprises, ainsi que l’égalité des salaires et des retraites.

Il est toutefois regrettable de constater que le rythme des réformes a ralenti au cours des 15 dernières années, et 2022 a été l’année historiquement la plus pauvre en réformes à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, seuls 14 pays sur 190 — et uniquement des économies à revenu élevé — accordent aux femmes les mêmes droits juridiques qu’aux hommes. En d’autres termes, 176 pays privent encore 2,4 milliards de femmes de chances économiques égales et au rythme actuel, il faudra encore au moins un demi-siècle pour que les femmes atteignent la parité avec les hommes dans le monde entier.  

Le chemin d’égalité est semé d’embûches

Ainsi, les jeunes filles d’aujourd’hui atteindront l’âge de la retraite avant que l’égalité des sexes devienne une réalité à l’échelle mondiale, soit deux générations entières de talents, de productivité, d’innovation et d’occasions perdues au détriment des femmes, des familles, des communautés et des pays.

Le chemin vers la participation des femmes au marché du travail est semé d’embûches de toute nature. Les progrès dans ce domaine doivent être ordonnés par les gouvernements, garantis par les tribunaux, respectés par les entreprises, renforcés par les banques et les investisseurs et soutenus par la société. Tout cela suppose une approche globale, souligne Christopher Stephens.

Plusieurs recommandations ont été présentées s’articulant entre autres autour de l’importance de la prise de mesures gouvernementales et de lois pour favoriser la participation des femmes à l’économie, la nécessité de l’application par les tribunaux et les autorités réglementaires compétentes de ces lois outre le fait que les entreprises doivent adopter des politiques de non-discrimination, de lutte contre le harcèlement, d’égalité salariale et d’avantages sociaux, notamment ceux liés à la santé, à la parentalité et aux retraites.

Il n’en reste pas moins que la région MENA se classe toujours au dernier rang du classement Les femmes, l’entreprise et le droit 2023, avec un score moyen de 53,2 points sur 100 et même s’il peut sembler décourageant, ce constat n’est pas une fatalité, et la tendance pourrait même être inversée. Les preuves sont irréfutables, la voie à suivre est claire et il est urgent d’agir, conclut l’expert.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek