Mohamed Abbou, ministre d’État auprès du Chef du gouvernement chargé de la Fonction Publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, fonction considérée par beaucoup comme un département de trop qui contribue à l’inflation des ministères, veut faire parler de lui en surfant sur la crise du COVID-19.
En effet, Mohamed Abbou ne cesse de multiplier les polémiques depuis un certain temps et les bourdes aussi. Ce ministre a empiété dernièrement sur les compétences du ministre des finances et parle de l’imminente décision de mettre en place de nouveaux impôts sur les sociétés bénéficiaires en 2020…
Revenons sur ce sujet d’imposition, et pour cause les entreprises tunisiennes de toutes catégories ont payé en 2019, selon le ministère des finances, 3835.2 millions de dinars soit 30.3% de l’ensemble des taxes directes perçues par l’Etat et ont reversé 10669.6 millions de dinars de taxes indirects (TVA et droits de consommation).
Notons aussi que l’entreprise tunisienne paye une quote-part importante d’impôt et taxes par rapport à ce qui est décaissé par les forfaitaires et les professions libérales dont la contribution ne dépasse pas 2% des recettes de l’impôt sur le revenu.
Selon les normes de l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la pression fiscale en Tunisie est la plus élevée en Afrique et avoisine 35.5% du revenu national disponible brut. Cette pression est très mal répartie entre les contribuables.
Cependant, il paraît que Mohamed Abbou qui tiens à créer des impôts sur les bénéfices d’entreprises qui résistent à une crise jamais vue, oublie que l’évasion fiscale s’est élevée, en 2018, en Tunisie à quelque 25 milliards de dinars, et ce, d’après l’ex-conseiller du chef du gouvernement en matière de fiscalité, Faycel Derbel qui a précisé, dans ce cadre, que la fraude fiscale a fortement augmenté depuis 2011, à cause de l’explosion du marché parallèle où des richesses importantes circulent, en dehors des circuits légaux.
Le ministre aurait oublié aussi que des flux financiers illicites énormes transitent à travers les circuits du blanchiment de l’argent sale et qui a réservé à la Tunisie un classement déshonorant dans les listes des organisations internationales…
Le ministre aurait oublié aussi des centaines d’associations qui gèrent des sommes colossales et difficilement quantifiables d’argent et qui n’ont jamais déclaré leurs comptes…et la liste est longue.
Mohamed Abbou peut assumer ses responsabilités en cherchant le recouvrement de beaucoup d’argent dû aux corrompus et assimilés qui dilapident les deniers de l’Etat et dont les affaires sont connues voire célèbres, en dehors des calculs politiques et électoralistes.
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