Economie

Moody’s : Les prêts à l’Etat éroderaient la totalité des fonds propres bancaires

Moody’s : Les prêts à l’Etat éroderaient la totalité des fonds propres bancaires

Moody’s Investors Service (« Moody’s ») a passé en revue hier mardi 4 octobre 2022 la dégradation des notations de dépôts à long terme Caa1 de cinq grandes banques tunisiennes.

Ceci vient à la suite de la décision prise par Moody’s, le 30 septembre dernier, de placer les notations à long terme de l’Etat tunisien (Caa1), en révision en vue d’une dégradation éventuelle.

Erosion probable des fonds propres

L’agence explique sa démarche par le climat d’incertitude impactant les conditions d’exploitation des banques et le retard dans le programme de financement du FMI. Elle estime que les risques de liquidité sont de plus en plus élevés et que la position extérieure de la Tunisie est fragile, ce qui augmente le risque de défaut du pays.

L’autre facteur de la position de l’agence relève de l’exposition directe des banques au risques de souscription aux bons du Trésor pour financer le budget de l’Etat ce qui pourrait éroder leurs fonds propres de 53% et menace la qualité de leurs actifs.

L’agence de notation s’attend, également, à ce que les importants déséquilibres budgétaires et extérieurs et les risques élevés de refinancement intérieur représentent d’importantes menaces pour la soutenabilité de la dette publique parallèlement à la survenance éventuelle de tensions sociales qui pourraient être exacerbées par les répercussions du conflit russo-ukrainien.

L’agence a attiré l’attention à la croissance économique atone, la montée des pressions inflationnistes, la faiblesse de l’investissement privé et le retard des réformes structurelles en les considérants comme causes pouvant affecter la capacité des banques en matière de financement des agents économiques, outre l’impact négatif sur leurs rentabilités, liquidités et solvabilités.

Aussi, Moody’s estime que l’exposition totale des banques aux crédits à l’État est assez importante – environ 1,1 fois de leurs fonds propres et ce, en tenant compte des prêts aux entreprises publiques et des crédits syndiqués en devises accordés au gouvernement depuis 2017. De ce fait, elle considère que les seuils des fonds propres de la plupart des banques notées tomberaient en deçà des exigences réglementaires minimales ce qui pourrait mener à des recapitalisations.

Faible impact de la crise

Néanmoins et contrairement aux prévisions de certaines agences de notation et organismes financiers, le secteur bancaire tunisien n’a pas subi d’une manière significative les répercussions de la crise économique et les méfaits de la pandémie bien au contraire, il a pu consolider ses fonds propres, faire évoluer ses résultats et gérer d’une manière optimale ses risques de solvabilité et de liquidité.

Au fait, selon le dernier rapport annuel de la banque centrale (BCT) 2021, malgré la poursuite des difficultés économiques, le secteur bancaire a continué à mobiliser les dépôts à un rythme soutenu, soit 8,5%, un rythme légèrement inférieur à celui des exercices 2020 et 2019 (9,3%).

Les données des banques montrent aussi que leurs capitaux propres ont avancé remarquablement de 15743 millions de dinars (MD) fin 2020 à 16648 MD au terme de l’année 2021 s’appréciant ainsi de 906 MD ce qui correspond à une hausse soutenue de 5,75%.

Les mêmes données montrent la réussite du secteur à assurer une adéquation optimale entre les ressources et les emplois ce qui lui a permis de se conformer aux ratios réglementaires notamment en ce qui concerne la liquidité à court terme (LCR) parallèlement à l’amélioration des ratios relatifs au rendement des actifs (ROA) et des capitaux propres (ROE). Et pour cause, le volume total des actifs est passé de 101858 MD en 2020 à 109388 MD au terme de l’exercice écoulé signant, à cet effet, un rebond de 7530 MD ou 7,39%.

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