Le tout premier coup de fil du nouveau chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a été pour Israël. La toute première visite d’un dirigeant étranger à la Maison Blanche sera pour le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Ce dernier disait du président américain, Donald Trump, qu’il «n’avait jamais eu de meilleur ami à la Maison Blanche», cet affichage le confirme. L’histoire ne nous dit pas la débauche d’énergie qu’il a fallu à Netanyahu pour ouvrir le bal du second mandat de Trump, mais ce qui est certain c’est que là où il y a des honneurs pour l’Etat hébreu il n’y a que malheur pour la Palestine, surtout quand c’est le républicain qui pilote.
Un état de guerre permanent quand tous les otages seront libérés
Officiellement il sera question ce mardi 4 février à Washington de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu entre l’armée israélienne et le Hamas. Un accord que Trump a imposé à Netanyahu et dont ce dernier n’a jamais voulu, et d’ailleurs il ne s’en cache pas. Tout ce que voulait Tel-Aviv c’est continuer à tuer et détruire les 30% qui tiennent encore debout dans l’enclave palestinienne. Sauf que Trump n’en veut plus et l’a fait savoir bien avant son retour. Non pas par amour des Palestiniens, qu’il ne nomme même pas dans ses discours, mais parce qu’il a besoin de pacifier la région pour y faire du business, pour vendre à tour de bras…
Pour cela Washington doit absolument mettre l’autre étage de la fusée, la deuxième phase des Accords d’Abraham : la normalisation complète entre Israël et les Etats arabes, impulsée en 2020. Et quand je parle des Etats arabes on pense forcément au Grand parrain, l’Arabie saoudite et son Prince héritier, Mohammed Ben Salmane (MBS). Ce dernier a été le premier dirigeant étranger à converser avec le président américain. Comme quoi MBS et Netanyahu ne sont jamais loin l’un de l’autre, ils tournent certes dans des galaxies différentes – jusqu’ici – mais se tournent autour. L’ombre de Riyad planera ce mardi à la Maison Blanche.
Reste à savoir dans quel sens tout ce magma amènera les intérêts des Palestiniens, de l’Etat palestinien qui est dans toutes les têtes et sur toutes les lèvres, sauf celles de Trump et Netanyahu. Juste avant de prendre l’avion pour Washington le Premier ministre israélien a martelé qu’il ne laissera personne lui imposer un cessez-le-feu permanent avec le Hamas. Il a dit autre chose, de bien plus funeste pour la Paix dans la région et dans le monde : «en travaillant étroitement avec le président Trump», ils seront en mesure de «redessiner encore davantage» la carte du Moyen-Orient. C’est dit : la guerre, encore et toujours quand tous les otages rentreront à la maison.
Ben Salmane était prêt à brader la Palestine, il ne peut plus…
Le combat à mort contre le Hamas, jusqu’au dernier résistant palestinien, Trump fera tout pour en limiter les déflagrations, pour ne pas s’aliéner MBS et les 600 milliards de dollars d’investissements qu’il a promis, mais il ne faudra pas compter sur le président américain pour retenir tous les coups de Netanyahu. Seul Riyad le peut, par le pouvoir de ses pétrodollars, le seul langage que comprend le président américain. Pour ça le républicain bloquera la main meurtrière de l’Etat hébreu. Il faudra que le Prince héritier saoudien mouille la chemise pour les droits élémentaires des Palestiniens : Une terre et un Etat viables.
C’est ce que le roi Salmane exige, c’est la raison pour laquelle il repousse depuis 2002 tous les ronds de jambe et promesses mirobolantes d’Israël. Mais est-ce que MBS est animé par la même volonté et le même idéal ? Rien n’est moins sûr. Quelques jours avant l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël il soutenait publiquement, sur “la chaîne de Trump”, Fox News, qu’il se rapprochait à grands pas de l’Etat hébreu. Il a dit ça alors que les Accords d’Abraham n’avaient rien prévu pour les Palestiniens, pas l’ombre d’un Etat autonome…
Cela signifie que n’eût été le coup d’arrêt imposé par le Hamas MBS aurait foncé et la Palestine serait passée par pertes et profits, au nom des intérêts supérieurs des Saoudiens. Et d’ailleurs ces derniers le disaient volontiers en privé. La donne a changé, les 65 000 morts palestiniens ont rebattu les cartes. Bon gré mal gré Riyad ne peut pas enjamber toutes ces dépouilles pour aller pactiser avec Israël. Ce serait suicidaire politiquement pour un régime – il n’est pas le seul – qui ne tient le peuple que par la symbolique du Droit divin, par la terreur et un vague idéal communautaire musulman.
Donc Trump devra lâcher quelque chose sur la Palestine. Quoi ? On ne sait pas, mais il devra tordre le bras de Netanyahu.
Les démonstrations de force du Hamas ont ravivé les échecs de Netanyahu
Quand le Premier ministre israélien a vu tous ces combattants du Hamas et du Jihad islamique, fringants et armés jusqu’aux dents, avec leurs tenues saillantes et leurs véhicules flambant neufs, comme s’ils n’avaient pas essuyé 15 mois de bombardement incessant, cela lui a rappelé ses échecs cuisants. Lui qui a fermé les yeux sur les millions de dollars du Qatar, lui qui a laissé prospérer le mouvement palestinien pour parasiter le Fatah et faire en sorte qu’il n’y ait jamais d’Union sacrée pour imposer cet Etat palestinien qui se dérobe depuis 1948.
Cette guerre Netanyahu veut la continuer pour conjurer ses fantômes qui tôt au tard l’amèneront devant un Tribunal (c’est déjà le cas pour ses affaires de corruption), la vie des Palestiniens ne pèse pas lourd face à ça. Le Premier ministre israélien a besoin d’une victoire majeure politique pour sauver sa tête, Trump tentera de l’y aider en donnant corps à son idée de délocalisation des Gazaouis pour “nettoyer“. Il recevra dans ce sens ce 11 février le roi Abdallah II de Jordanie. Le président américain sait qu’Amman lui dira NON mais il tentera, jusqu’au bout…
Pour MBS aussi il est grand temps de tenter, avec toutes ces cartes qu’il a en main. Je ne parle pas des réunions soporifiques de la Famille arabe qu’il organise, je parle d’un projet infiniment plus Grand et qui le fera entrer dans les annales de l’Histoire : Un Etat digne de ce nom pour les Palestiniens, enfin!
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