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New York Times – Captagon : Bachar al-Assad a-il bâti un empire de milliards sur la drogue ?

New York Times – Captagon : Bachar al-Assad a-il bâti un empire de milliards sur la drogue ?

Le régime de Bachar al-Assad, récemment renversé par une offensive rebelle fulgurante, laisse derrière lui un sombre héritage économique. Selon plusieurs enquêtes internationales, l’ancien président syrien aurait tiré des milliards de dollars du trafic du Captagon, une drogue surnommée “la cocaïne des pauvres”.

Un empire de la drogue au cœur de la Syrie

Produisant environ 80 % du Captagon mondial, la Syrie s’était imposée comme le centre névralgique de cette drogue. En 2021 seulement, la production et la vente de Captagon auraient généré 5,7 milliards de dollars, surpassant de loin les revenus des cartels mexicains réunis.

Selon un rapport de The New York Times, le commerce de cette drogue était largement supervisé par la Quatrième Division blindée de l’armée syrienne, dirigée par Maher al-Assad, frère cadet de Bachar. Les usines clandestines proliféraient près des frontières syriennes avec le Liban et la Jordanie, tandis que le Hezbollah libanais jouait un rôle dans la production et le trafic.

Une drogue aux multiples visages

Le Captagon, initialement conçu comme un médicament pour traiter le TDAH et la narcolepsie, est devenu un stimulant prisé des djihadistes, ouvriers et amateurs de vie nocturne. Les combattants du groupe État islamique (EI) et du Hamas l’auraient consommé avant des attaques meurtrières, y compris lors de l’assaut du 7 octobre 2023 qui a causé 1 200 morts en Israël.

La drogue, en supprimant la peur et la douleur, procurait aux utilisateurs un sentiment d’invincibilité. “Vous pouvez ne pas dormir pendant plusieurs jours, vous ressentez une euphorie et pensez que rien ne peut vous atteindre”, a déclaré le Dr Robert Kaysling, psychiatre à Washington.

La lutte régionale contre le Captagon

Les voisins de la Syrie, comme la Jordanie et l’Arabie saoudite, ont depuis longtemps dénoncé les ravages de cette drogue sur leurs populations. En 2022, la Jordanie a saisi 16 millions de comprimés en seulement deux mois, tandis que l’Arabie saoudite a intercepté une cargaison record de 46 millions de comprimés dissimulés dans de la farine.

Face à ces pressions, Assad avait commencé à limiter son implication dans ce commerce illicite, notamment en autorisant, en mai 2023, la liquidation d’un baron de la drogue, Merhi al-Ramtan, via une frappe aérienne jordanienne. Cette opération a précédé de peu la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe.

La chute d’un empire

Avec la chute de Bachar al-Assad, désormais réfugié en Russie, les rebelles syriens ont libéré des milliers de détenus de la tristement célèbre prison de Sednaya, symbole des atrocités du régime. Pendant ce temps, la communauté internationale reste préoccupée par les conséquences régionales du commerce de Captagon et les réseaux toujours actifs dans la région.

Vers une nouvelle ère pour la Syrie ?

Le renversement du régime marque peut-être la fin d’un empire de la drogue dirigé par Assad. Toutefois, les défis restent nombreux, notamment la reconstruction du pays et la lutte contre les réseaux illicites qui continuent de prospérer.

 

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