La mauvaise nouvelle était dans l’air, ébruitée par Bloomberg. Mais Paris a pensé jusqu’au dernier moment qu’il était encore possible de conjurer cette énorme perte pour le ténor français du nucléaire Orano. Désormais c’est officiel : la France a perdu le permis d’exploitation du gisement d’uranium d’Imouraren, au Niger, l’un des plus importants au monde…
Pourtant le français croyait avoir rondement mené son affaire en annonçant il y a peu qu’il allait reprendre le projet d’extension du gisement, après l’avoir gelé durant 10 ans. Mais c’était sans compter sur la ferme volonté de la junte nigérienne de déloger la France, quoi qu’elle fasse pour se cramponner à ses intérêts dans le pays.
Le plan de développement de la mine a donc été rejeté par les nouvelles autorités, qui en ont profité pour retirer la licence d’Orano. La suite logique de la rupture diplomatique entre les deux pays, après l’expulsion de l’ambassadeur et des soldats français au Niger.
Dans le communiqué qui est tombé hier jeudi 20 juin le groupe français dit prendre «acte de la décision des autorités». Reste à savoir qui profitera de cette redistribution des cartes. On parle beaucoup du géant russe du nucléaire Rosatom. En effet depuis le coup d’État du 26 juillet 2023 la junte nigérienne multiplie les gestes de rapprochement avec Moscou, comme le font d’ailleurs le Mali et le Burkina Faso…
Ils ont tous rompu tout partenariat militaire avec la France pour monter l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Si la Russie met la main sur l’uranium nigérien le basculement vers Vladimir Poutine serait encore plus flagrant. Un “colon” – la Russie – qui remplacerait un “colon” – la France -, sans que cela ne change en rien les affres du sous-développement chronique au Niger, l’un des pays les plus pauvres au monde. Les putschistes se trompent de combat.
Rappelons que le français Orano avait suspendu ses activités à Imouraren en 2015, plombées par la chute des prix de l’uranium sur le marché mondial. Les choses ont changé dernièrement, l’énergie nucléaire est revenue en pole position, au nom de la réduction de la pollution et des gaz à effet de serre. La France, un géant mondial du nucléaire, devra trouver une autre alternative pour surfer sur la dynamique, l’Asie centrale par exemple.
A noter qu’Orano n’était pas le seul à annoncer la relance de ses activités, une coentreprise entre l’État nigérien et la Chine, la Société des mines d’Azelik (Somina), avait aussi manifesté en mai dernier son intention de reprendre la production d’uranium suspendue en 2014. Il est certain que les Chinois, premiers investisseurs étrangers en Afrique, ne connaîtront pas les mêmes mésaventures que les Français.
«Les conditions actuelles du marché, avec une hausse favorable du cours de l’uranium, permettent d’envisager à nouveau une mise en exploitation d’Imouraren. Tenant compte du contexte, et en réponse à la sollicitation des autorités, Orano avait soumis à l’État du Niger une proposition technique concrète permettant cette mise en valeur le plus rapidement possible», argue le français dans son communiqué. Il faudra aller voir ailleurs, le Niger ayant fermé sa porte…
Reste à connaitre le destin de Somaïr, la seule mine en activité dans le pays, exploitée par le français Orano et dont la production couvre près de 15% des besoins en uranium de l’Hexagone. Affaire à suivre de très près.
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