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Nos médecins ont filé à l’étranger sans crier gare, maintenant ils désirent rentrer mais posent des conditions…

Nos médecins ont filé à l’étranger sans crier gare, maintenant ils désirent rentrer mais posent des conditions…

Ce n’était donc pas un simple feu de paille… Je parle du profond désir des médecins tunisiens de rentrer au bercail après avoir cédé à l’appel du large, pour des lendemains qui chantent. Manifestement beaucoup en ont soupé des affres de l’étranger et le désenchantement s’installe. Le pays du jasmin, ses douceurs et ses problèmes qu’ils ont échangés contre je ne sais quelle chimère seraient redevenus tendance dans les têtes de nos soignants. Après le ministre de la Santé, Mustapha Ferjani, Ines Ayadi, membre du cabinet ministériel, y est revenue ce lundi 2 décembre, sur Mosaïque FM.

Elle a commencé par évoquer l’étude de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), la même citée par le ministre de la Santé : 78% des médecins tunisiens qui ont mis les voiles ont exprimé leur volonté ou leur intention de revenir au pays, mais sous certaines conditions. Mme Aya a indiqué que le cahier de charges posé sur la table par les praticiens expatriés est le même que celui qui les a poussés à émigrer massivement : les conditions de travail, la qualité des équipements, une infrastructure adaptée à leurs tâches et leur sécurité.

«Il est aussi question de rémunération et de garantie d’un meilleur enseignement pour leurs enfants. Ce dernier élément est même l’une des principaux motifs de leur exode à l’étranger. La migration est un phénomène mondial, les professionnels qui s’exilent cherchent des conditions de vie meilleure. Nous avons croisé des données et avons établi que le nombre de médecins qui ont retiré leur adhésion à l’Ordre tunisien ne cesse de croître, cet acte étant une condition sine qua non à leur recrutement à l’étranger», a ajouté la collaboratrice du ministre de la Santé…

«Nous sommes en train de travailler de plancher qui inciteront les médecins à revenir. Parmi les chantiers défrichés il y a notamment l’acquisition d’équipements modernes et pointus en partenariat avec la Banque mondiale. Certains équipements ont déjà été livrés et d’autres le seront dans les semaines à venir. Il s’agit d’appareils de navigation qui permettront aux médecins spécialistes et à leurs équipes d’être au niveau des standards actuels et d’offrir les meilleures prestations aux citoyens», a confié la responsable.

D’après le secrétaire général de l’Ordre des médecins, Nizar Ladhari, plus de 1500 praticiens se sont exilés en 2023 ; ils n’ont pas pu résister aux sirènes des pays européens tels que l’Allemagne. Et même les étudiants en médecine qui n’ont pas achevé leurs cursus trouvent des planques à l’étranger. Maintenant ils se rendent compte que l’herbe n’est pas nécessairement plus verte ailleurs et que les pays qui les faisaient rêver ont aussi leurs lots de tourments (crise économique et sociale, racisme, xénophobie, etc.).

Selon les statistiques de l’Ordre des médecins, 80% des jeunes médecins fraîchement diplômés larguent la Tunisie chaque année, en dépit des appels lancinants des organisations professionnelles du secteur de la santé pour stopper cette fuite de cerveaux très dommageables pour l’avenir de la nation. Alors voilà ce que ce fléau et ses récents développements nous inspirent : Puisque tout ce beau monde est parti sans crier gare et bien qu’il revienne sans faire de bruit.

Il ne devrait pas y avoir de conditions à leur retour chez eux, dans leur patrie. Ils trouveront ce qu’ils trouveront et le reste ils le bâtiront avec ceux qui sont restés stoïquement, préférant les combats et défis du quotidien en Tunisie aux dorures et mirages de l’étranger. Cette étude de l’ITES est bien la preuve qu’ils ont eu raison de se cramponner, conter vents et marées.

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