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Note – Economie bleue : La Tunisie subit un taux d’érosion côtière de 10 fois la moyenne mondiale

Note – Economie bleue : La Tunisie subit un taux d’érosion côtière de 10 fois la moyenne mondiale

Les zones côtières du Maghreb revêtent une importance capitale non seulement pour la préservation de la biodiversité, mais aussi pour le développement de l’économie bleue, synonyme de production de richesses, de création d’emplois et de source de revenus, indique la Banque Mondiale (BM) dans une note récente qu’elle vient de publier.

On souligne qu’au fait, la majorité de la population maghrébine vit sur le littoral ou à proximité, et que de nombreux habitants sont tributaires des zones côtières qui pourvoient à leur subsistance.

En Tunisie, le tourisme et les activités en lien avec ce secteur, qui fournissent un emploi à quelque deux millions de personnes, ont contribué à 14,2 % du PIB en 2018, affirme-t-on, l’intégrité des zones côtières et maritimes influe également de manière directe ou indirecte sur d’autres secteurs, comme la pêche, assure la note de la BM.

L’instance financière internationale (IFI) précise que les emplois de l’économie bleue (pêche, tourisme…) sont particulièrement importants pour les ménages à faible revenu ; leur disparition ferait basculer de nombreux pêcheurs et employés du tourisme dans la pauvreté, une situation comparable aux perturbations que la pandémie de COVID-19 a engendrées.

Le recul des plages saperait les nombreuses sources de revenus de l’économie bleue ; ce processus lent, déjà enclenché, a fait (à moitié) disparaître des plages et devrait s’accélérer avec les changements climatiques, martèle la BM.

Dans un rapport récent, l’IFI a mené une évaluation des modifications du paysage côtier, en termes de superficies perdues et gagnées. Il a été constaté qu’entre 1984 et 2016, l’érosion des plages du Maghreb a atteint un rythme moyen de 15 centimètres (cm) par an, soit plus du double de la moyenne mondiale (7 cm), la Tunisie subit le taux d’érosion le plus important, avec un retrait annuel de près de 70 cm en moyenne.

Face à l’élévation du niveau de la mer et à la fréquence accrue des phénomènes météorologiques extrêmes, ces phénomènes d’érosion vont s’exacerber à terme, observe la BM, tout en soulignant qu’en l’absence de mesures d’adaptation, les populations littorales et leurs moyens de subsistance risquent d’être durement frappés par l’intensification de l’érosion, les risques d’inondation et la pollution côtière.

On précise, en outre, concernant les répercussions économiques de l’érosion côtière que les coûts annuels liés aux pertes de terres et d’infrastructures représentent environ 2,8 % du PIB en Tunisie où l’érosion ronge lentement, mais sûrement, une part importante de leur travail et les fragilise toujours plus.

À l’avenir, les États du Maghreb devraient renforcer leur préparation à la lutte contre les effets néfastes de l’érosion côtière et cela passe par l’adoption et la poursuite de programmes de gestion intégrée des zones côtières, ainsi que par la promotion de solutions de protection naturelles, appelle la BM.

Notons, par ailleurs, que selon une étude intitulée « les impacts économiques du changement climatique en Tunisie : Risques et Opportunités », commandée par le ministère de l’Environnement et appuyée par l’ambassade du Royaume-Uni, dont les résultats viennent d’être révélés, une élévation de la mer de 50 cm pourrait entraîner des pertes économiques évaluées à 3,6 milliards de dinars dans le secteur touristique.

D’après l’étude, le secteur agricole local pourrait accuser des pertes économiques équivalant à 5-10% du PIB sectoriel d’ici 2030, en raison du dérèglement climatique. Les estimations des pertes d’emplois dans le secteur varient entre 8250 et 16500 emplois. Elles peuvent atteindre 37000 emplois en cas de sécheresse majeure.

Pour mémoire, l’ex- ministre tunisien des Affaires locales et de l’Environnement, Mustapha Laroui a annoncé en décembre 2020 que 300 km de plages sur 670 km sont menacées d’érosion marine. Il a déclaré aussi que 10% des plages menacées ont été réhabilités pour un coût s’élevant à 87,7 millions de dinars, estimant que le littoral tunisien fait face à de grandes pressions, en raison de l’intensité des activités humaines et économiques et des changements climatiques.

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