Economie

Note : L’augmentation des prix des carburants pourrait atteindre 2 dinars…

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Selon une note récente de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE) intitulée « La Guerre en UKRAINE : Impacts et Mesures à prendre », la Tunisie fait partie des pays vulnérables, du fait des faibles capacités de stockage et des difficultés budgétaires qu’elle traverse, sans compter que le pays fait face à une vague de sécheresse qui se prolonge depuis 3 ans et qui affecte sa production agricole. Le cours du blé tendre a bondi début mars dernier à 345 euros la tonne et 400 euros la tonne pour le blé dur, sachant que les prix à terme sont plus élevés laissant prévoir une augmentation continue des prix à court terme.

La note indique que sans compensation, les cours à mi-mars des céréales sur le marché mondial provoqueraient une augmentation du prix des pâtes alimentaires estimée à 160 millimes le kilogramme, soit une augmentation de 20% par rapport aux prix actuels. Cette augmentation pourrait atteindre 200 millimes au kilogramme si les prix continuent à évoluer au même rythme.

De même qu’il y aura un impact sur les prix des aliments pour bétail qui risque de mettre à mal les filières d’élevage, qui sont déjà en grande difficulté, qu’elles soient avicoles, ovines ou bovines et donc par ricochet sur la filière laitière. Le même problème risque de se poser pour les huiles végétales, mais son impact restera minime au regard des impacts attendus sur les autres produits.

Parmi les autres matières premières dont les prix risquent de s’envoler figure en bonne place le gaz. La Russie couvre actuellement 40% des besoins de l’Europe (et 45% des besoins de l’Italie). Toutefois, il est possible de voir les pays européens recourir au gaz algérien à travers le pipeline reliant l’Italie à travers la Tunisie, ce qui pourrait conduire à une augmentation des quantités transitant par ce pipeline et permettre à la Tunisie de se fournir en gaz, en quantités suffisantes, par le biais de la redevance. Pour rappel : en 2020, cette redevance a représenté seulement 11% de la demande tunisienne en gaz (530 ktep sur 4849 ktep).

Lorsqu’on sait que le budget 2022 de la Tunisie a été établi sur la base d’un prix du baril à 75 dollars, le prix en vigueur, avec une hausse de près de 50 dollars, représenterait une charge supplémentaire pour la caisse de compensation de 7 Milliards de Dinars. Pour rappel : le budget 2022 prévoit une enveloppe globale de 7,3 Milliards de dinars pour la compensation, tous produits confondus.

Une telle charge est insoutenable pour le budget de l’Etat qui aura pour conséquence une augmentation inéluctable des prix à la pompe, qui pourrait atteindre 1,2 Dinar le litre environ, tous produits confondus, et jusqu’à 2 Dinars et plus le litre si les prévisions les plus pessimistes sont atteintes, souligne la note précitée.

Les deux tiers concerneraient les carburants routiers et un tiers la consommation industrielle, précise l’IACE, ce qui va avoir un impact sur le prix de l’électricité et par conséquent la compétitivité de nos entreprises. Toutefois, cet impact direct sera en partie compensé par une réduction de la consommation due au ralentissement de l’activité économique. Lorsqu’on connait les difficultés qu’a la Tunisie pour mobiliser les ressources nécessaires au financement du budget de l’Etat, la perspective d’un baril à 175 et 195 dollars et plus serait dramatique pour l’économie tunisienne et pourrait conduire à un scénario difficile à maîtriser sur le plan économique et social.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek