Economie

OCDE – Le système des autorisations administratives bloque l’entreprenariat et l’emploi (2/3)

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Les résultats d’une nouvelle étude économique de l’OCDE se rapportant à la Tunisie ont été présentés hier lundi 4 avril 2022 par le Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann. L’étude a évoqué des recommandations pour la relance de l’économie tunisienne s’articulant autour de différents axes d’analyse.

On indique, que la crise de 2020-21 a simplement aggravé des problèmes qui caractérise l’économie tunisienne depuis des décennies. Le fléau du sous-emploi a été mis en avant puisque le taux de chômage se maintient au-dessus de 12% depuis les années 90, et il est beaucoup plus élevé pour les jeunes primo-demandeurs d’emploi. 

L’étude de l’OCDE précise que ce problème est lié à un large éventail de facteurs structurels dont principalement les obstacles à la concurrence et à l’investissement, la lourdeur des formalités administratives et le système des autorisations qui compliquent l’ajustement de l’offre et de la demande de main-d’œuvre et empêchent donc de parvenir à l’équilibre sur le marché du travail.

Malgré le niveau élevé du chômage, les entreprises sont nombreuses à affirmer de ne pas trouver de main-d’œuvre possédant les compétences recherchées. Ce phénomène s’explique par la faible qualité des systèmes d’enseignement et de formation et leur manque d’adaptabilité aux besoins en compétences du secteur privé.

Outre les compétences techniques et professionnelles, de nombreux candidats manquent de compétences non-techniques et de savoir-être (soft skills) fondamentales, comme la communication orale et écrite, les langues étrangères, le travail en équipe et la résolution des problèmes et des conflits.

L’OCDE considère que pour résoudre ce problème, la qualité de l’enseignement et de la formation professionnelle doit s’améliorer. Il faut renforcer la sélection, l’évaluation et la formation des enseignants, avec une attention particulière aux compétences pédagogiques, améliorer les infrastructures dans les écoles, fournir aux élèves un apprentissage de qualité de langues dès le plus jeune âge et mettre davantage l’accent sur les compétences générales et les soft skills.

Élargir l’accès à l’éducation préscolaire, en particulier pour les ménages à faible revenu et les familles monoparentales, permettrait de réduire les inégalités des chances, assure-t-on. Pour mieux adapter les systèmes d’enseignement et de formation aux besoins en compétences du secteur privé, il faut lier plus étroitement les filières de la formation professionnelle et les programmes universitaires avec la formation en milieu professionnel en améliorant le cadre juridique et en promouvant une participation plus active des entreprises.

Selon plusieurs observateurs, si le secteur public est incapable de répondre à toutes les demandes d’emploi, le secteur privé, qui devrait absorber le plus gros nombre de demandeurs d’emploi, ne jouit pas d’une très bonne réputation auprès des demandeurs d’emploi.

Au fait, certains parmi eux considèrent qu’il n’y a pas de différence réelle entre travailler dans le privé et être au chômage, pourtant, beaucoup de demandeurs d’emploi trouvent leur compte dans le privé. L’économie souterraine (non déclarée) emploie une bonne partie des jeunes et moins jeunes qui restent considérés dans les statistiques comme des chômeurs.

La part de l’informel dans l’économie nationale, évaluée à près de la moitié des sphères de l’emploi et de l’économie, semble être la zone de décompression qui évite au pays une deuxième explosion sociale. Cela dit, la chasse au travail au noir et à toutes les activités qui échappent à la réglementation devrait profiter à tout le monde : cela augmente les recettes de l’Etat (impôts, taxes, etc.), fiabilise les statistiques sur l’emploi et offre aux salariés clandestins une couverture sociale et des garanties réelles.

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Publié par
Mohamed Ben Abderrazek