Economie

Par A. ben Gamra : Les deux tiers des Tunisiens ne possèdent pas de compte en banque : de quelle économie parle-t-on ?

Par A. ben Gamra : Les deux tiers des Tunisiens ne possèdent pas de compte en banque : de quelle économie parle-t-on ?

Lorsqu’on évoque la question de l’inclusion financière, l’on met foncièrement l’accent sur le besoin pressant de faciliter l’accès aux prestations financières.  L’inclusion financière reste très faible en Tunisie, En effet, deux tiers des Tunisiens ne disposent pas d’un compte bancaire et le tiers des Tunisiens disposant d’un compte bancaire l’utilisent principalement pour retirer leurs salaires mensuels, 9% de cette catégorie sont des personnes actives tandis que le reste n’effectue que trois opérations par mois.

L’accès à un compte bancaire reste un obstacle pour une large frange de la population. Certaines législations comme la loi sur l’économie sociale et solidaire et la loi sur l’investissement participatif, qui étaient supposées apporter une réponse à cette problématique, sont restées lettre morte.

Pire, l’environnement des affaires en Tunisie est dominé par les micros, petites et moyennes entreprises et ce, à hauteur de 98% des entreprises sachant que 85% des transactions se font en en espèce selon les dernières données officielles.

Une économie que se nourrit du « cash » sans aucune trace des opérations et surtout loin des yeux du contrôle fiscal et à l’abri de tout paiement d’impôt. Un manque à gagner terrible pour un Etat qui s’endette pour payer ses fonctionnaires alors que l’évasion et la fraude fiscale sont à chaque coin de rue.

Il est essentiel de nettoyer l’énorme quantité d’argent informel qui se lave autour de la Tunisie pour relancer l’économie et affaiblir les réseaux criminels qui ont prospéré après l’effondrement de l’autorité de l’État. La propagation des activités de type mafieux est une menace croissante en Tunisie et les tentatives des hauts fonctionnaires de confondre les manifestations authentiques et les activités criminelles sont fallacieuses. La Tunisie doit maîtriser le secteur informel et veiller à ce que l’État ne perde pas environ les deux tiers des prélèvements qui lui sont dus par ses citoyens.

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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