Politique

Par A. Gatri : Oui à l’islam, rapport à Dieu et vecteur de valeurs universelles et de cohésion sociale, Non à la Shariaâ dans la Constitution

Par A. Gatri : Oui à l’islam, rapport à Dieu et vecteur de valeurs universelles et de cohésion sociale, Non à la Shariaâ dans la Constitution

Tous les fuqaha sans distinction sont unanimes sur les implications des maqasid de l’islam, l’autre nom des maqasid de la shariaa, sur le plan de la pratique, implications reprises texto par Saïed dans l’article 5 de sa constitution : une OBLIGATION pour l’État de la sauvegarde de la religion, de l’âme, des biens…, avec ce qui en découle de sanctions (hudud).

Les griefs sur cette constitution ne portent pas sur la place de la religion, en tant qu’ensemble de pratiques et de comportements individuels destinés à rapprocher le sujet de Dieu, et dans la société en tant qu’élément de concorde et en tant que liant social.

Il porte sur l’utilisation de la religion en tant qu’argument politique destiné à mobiliser des électeurs et à faire lever une partie du peuple qui se prétend de cette religion pure (الإسلام الحنيف) contre l’autre partie jugée impie, donc passible du 7add al kofr aou arridda, càd la sentence de mort réservée à l’incroyance pour les non musulmans, ou à l’apostasie pour les musulmans dont le comportement sera interprété comme un renoncement à l’islam.

Tel fut le cas avec les premiers musulmans qui, à la mort de Muhammad, se sont affranchis de l’obligation de la zakat sans pour autant renoncer à leur religion. Une fatwa les a considérés comme apostats (مرتدين), et Abu Bakr, premier Calife de l’islam, les avait tous passés à l’épée.

C’est cette logique que nous avons combattue chez Nahdha, Collectif al Karama  ligues de protection de la révolution et tous les groupuscules qui s’érigent en protecteurs et diffuseurs de l’islam en terre d’islam, et que nous ne cesserons de combattre.

C’est cette logique qui sous-tend toutes les campagnes de takfir à l’encontre des adversaires politiques qui ont conduit à leur assassinat.

C’est cette logique qui sous-tend l’article 55 de ce projet de constitution qui soumet les droits et les libertés à plusieurs limites  dont la morale publique, الآداب العامة  notion vague dont les forces de l’ordre usent et abusent pour opérer des arrestations arbitraires parmi les citoyens pour n’importe quel comportement jugé indécent. La morale publique est trop souvent invoquée comme alibi aux atteintes à la liberté de création et d’expression artistique.

C’est cette logique qui fait adopter à des énergumènes comme Adel Ilmi une attitude vindicative à l’égard de ces citoyens, s’autoproclamant le dépositaire de la sauvegarde de l’islam.

Et c’est à partir de cette lecture manichéenne et clivante de l’islam que l’État impose des restrictions sur la vie des citoyens, par exemple quant à la vente et à la consommation de l’alcool (dont les autorisations sont une source d’enrichissement pour les responsables), à l’ouverture des restaurants et des cafés les vendredi et pendant le ramadan, et surtout à la persécution des citoyens qui, par nécessité ou par simple liberté, ne font pas le jeûne.

Les tunisiens s’étaient habitués à l’ancien article 1 de la Constitution tel que nous le connaissons. Si Saïed voulait vraiment sauvegarder la cohésion du peuple, et c’est pour ça qu’il a été élu, il aurait pu se contenter de la reproduction textuelle de cet article,  et on n’en aurait pas fait tout un plat.

Mais tout un faisceau d’éléments tangibles dans les discours et les  attitudes de Saïed nous mettent en face d’une évidence incontournable : l’homme et sa constitution sont porteurs d’un projet intégriste, liberticide et rétrograde, visant à faire des tunisiennes et des tunisiens les sujets soumis d’un État théocratique et totalitaire, et non les citoyens libres d’un État démocratique.

Abdelaziz Gatri,

activiste politique, Alliance patriotique pour l’ordre et la souveraineté (A.P.O.S)

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut