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Par Abdelaziz Gatri: Alors, j’écris..

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Je ne suis pas journaliste professionnel, ou même intermittent, et je ne suis pas employé à Tunisie Numérique. J’ai choisi ce journal pour publier mes tribunes, non pas de manière aléatoire ou arbitraire, mais par souci de large diffusion, T.N étant tout simplement le journal numérique le plus répandu, avec environ 3,5 millions de visites par mois, le second journal n’arrivant qu’à 2,4 millions de visites.

Mon accord avec le directeur général du journal est verbal : je ne perçois rien pour mes publications, en contrepartie, la rédaction n’y change rien. C’est aussi simple que ça. Je ne connais personne à la rédaction, et eux ne me connaissent que par mes écrits que j’envoie par courrier électronique. Il n’y a donc pas de concertation préalable sur les sujets à traiter, les opinions avancées ou le style à adopter. S’ils y changent quoi que ce soit, j’arrête. Ce n’est pas plus compliqué que ça.

Je n’ai rien à vendre, et rien à cirer du qu’en dira-t-on. Je n’écris donc pour plaire à personne, et ce que j’écris me plait rarement. J’aurais bien aimé écrire que mon pays va bien, que mon président s’acquitte convenablement de sa tâche, que mon gouvernement me représente et fait tout ce qu’il faut pour nous sortir du marasme général, que les partis politiques s’évertuent à servir le pays, qui dans la majorité au pouvoir, qui à l’opposition, que la justice, la police, l’administration et tous les services publics sont au service de tout citoyen sans qu’il soit appelé à verser des pots de vin pour accéder à ses droits…

Mais il n’en est rien.

Alors j’écris.

J’écris pour dénoncer tantôt la médiocrité régnante, le poujadisme, l’incompétence et l’indigence intellectuelle, tantôt la traîtrise, la fourberie, les manigances, la connivence avec les chancelleries étrangères, le soutien au terrorisme, l’infiltration des rouages de l’Etat…, c’est-à-dire tout ce que j’ai toujours combattu ma vie durant, avec moins de réussite que je n’espérais.

J’écris pour interpeller les consciences, pour secouer mes concitoyens de leur léthargie,  pour raviver la flamme de l’espoir, pour combattre le fatalisme, le renoncement, voir le désespoir de certains, désabusés par tant de trahisons et d’échecs, mais aussi pour calmer l’emportement et l’alignement inconditionnel de certains autres prêts à s’enflammer pour la moindre lueur qui ne sera qu’éphémère.

Et avant d’écrire quoi que ce soit, je réfléchis beaucoup à ce que je vais écrire, cela peut prendre quelques minutes, si je dois réagir par un post Facebook à l’actualité qui n’attend pas, ou quelques jours, si je me propose d’écrire un article pour présenter une réflexion politique, sociale, culturelle, ou même ayant rapport avec mon domaine de compétence. Dans ce dernier cas, et avant de publier, n’ayant personne pour me corriger, je fais plusieurs lectures, je corrige les fautes d’orthographe, de grammaire ou de construction.  Je procède à des coupes et à des ajouts. Non que je m’autocensure ou que je craigne quelque réaction de lecteurs mécontents, mais juste pour ne pas avoir à regretter un abus de langage ou un oubli. J’ôte certaines coquilles, malheureusement pas toutes, et ce n’est que là que j’enregistre mon texte puis l’envoie à la rédaction du journal.

Mon souci supérieur est ma LIBERTE, mes crédos sont LA RAISON, L’INTERÊT SUPERIEUR DU PAYS ET SA SECURITE, LA LEGALITE.  Et si la raison est la chose la mieux partagée au monde, malheureusement elle est la moins bien utilisée par beaucoup. Certains s’en départissent aisément, se rangeant derrière un homme ou une femme qu’on prend pour le messie, ou derrière un parti aux règles staliniennes qui n’admet aucune critique et encore mois l’autocritique. D’autres s’enferment dans un dogme sans issue. Tous érigent des totems et deviennent agressifs si on y touche, même par une analyse objective et dépassionnée, avec force arguments et exemples. Leur alignement aveugle et inconditionnel leur fait perdre tout esprit de saine contradiction, et ils deviennent plus enclins à l’insulte et à la bassesse. Certains, jugeant leur position ou leurs avantages mis en cause, recourent à la menace et la diffamation. Une amie virtuelle est même allée jusqu’à me reprocher avec véhémence de ne pas évoquer son parti et sa présidente dans mes tribunes, et que je suis de connivence avec T.N pour un black-out qui la viserait.

Vais-je pour autant baisser les bras et abandonner mon combat pour l’émancipation des esprits de la tutelle des objecteurs de conscience et autres usurpateurs de la religion et vendeurs de chimères politiques ? Oh que non. Plus que jamais, je suis décidé à continuer mon combat. Ma détermination est intacte et ma volonté inébranlable, ainsi que ma fidélité à ceux avec qui je partage l’amour de notre pays, le chemin de la résurrection nationale et la fidélité aux martyrs tombés dans le combat contre la colonisation avant 1956, et contre la dictature et la dépravation après, et aux pères fondateurs de la nation tunisienne libre de toute idéologie totalitaire et émancipée de tout dogme, malgré quelques errements.

Alors, tenez-vous donc prêts, les uns et les autres.

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Publié par
Tunisie Numérique