A la une

Par Abdelaziz Gatri : La souveraineté, pour les nuls et les traîtres

Par Abdelaziz Gatri : La souveraineté, pour les nuls et les traîtres

L’histoire que je vais vous raconter est un hommage à Bourguiba, aux pères fondateurs de la nation et aux martyrs de la guerre d’indépendance qui doivent se retourner dans leurs tombes, avec tous ces projets de conventions avec des Etats et des organismes financiers étrangers mettant en péril la souveraineté nationale.

Au milieu des années 60, de longues et rudes négociations sont engagées entre les sociétés nationales d’hydrocarbures algérienne (SONATRACH) et italienne (ENI) pour définir les modalités du transport du gaz naturel algérien vers l’Italie. L’option du transport maritime par méthaniers (bateaux citernes pour transport du gaz) fut envisagée et vite abandonnée pour plusieurs motifs, notamment le coût surélevé du transport. En effet, pour transporter le gaz par ce moyen, il faut procéder à sa liquéfaction d’abord pour pouvoir le charger, puis à sa regazéifaction une fois arrivé à destination, opérations très onéreuses en l’occurrence.

C’est ainsi que les parties se sont vite détournées de cette option vers celle du gazoduc qui permet de transporter le gaz en l’état à l’aide d’installations fixes à usage permanent, peu coûteux, plus sûr et à moindre impact écologique. Pour raccourcir l’itinéraire, il a été décidé de le faire passer par la Tunisie, et donc d’associer l’Etat tunisien aux négociations.

Il a été donc convenu entre négociateurs que l’Etat tunisien sera exempté des frais de construction et recevra 5 millions de dollars par an. En contrepartie, il cède la propriété du  gazoduc, donc des terres qu’il traversera, à ses deux partenaires.

L’accord semblait loyal et fut même ratifié par l’Assemblée nationale et soumis au président Bourguiba pour être entériné (promulgation). Mais en le lisant attentivement, la clause de la propriété du gazoduc le mit hors de lui. Il se rappela au bon souvenir de l’agression tripartite contre l’Egypte après la nationalisation du canal de Suez par Nasser. La France, ayant construit le canal, en était propriétaire à raison de 56%, alors que l’Angleterre avait profité de la prodigalité du roi local pour lui racheter les 44% revenant à l’Egypte à un prix dérisoire. Toutes deux ont donc considéré cette nationalisation comme une atteinte à leurs territoires. Assistées par Israël, elles ont mené une guerre meurtrière et dévastatrice contre l’Egypte, son armée, son peuple et son infrastructure.

Lui vinrent aussi en tête tous les sacrifices endurés par le peuple tunisien pour recouvrer sa souveraineté sur son territoire. Il vit rouge et renvoya ses collaborateurs sans ménagement, effaçant d’un revers de main tant d’années de négociations et la possibilité pour son pays de bénéficier d’une manne financière inespérée.

Algériens et italiens s’en sont allés envisager de nouveau un transport par méthanier à partir du port algérien de Skikda, mais rien n’y fit, étant donné les problèmes cités. C’est ainsi que, la mort dans l’âme, ils revinrent à la charge. Pour contourner le veto du vieux leader, ils convinrent de renoncer à la propriété du gazoduc. La Tunisie n’ayant pas les moyens financiers nécessaires, un accord astucieux fut trouvé, en vertu duquel ils prenaient en charge sa construction, la Tunisie bénéficiera d’une redevance en nature d’environ 6% sur les quantités transportées, contre une ristourne à prélever sur cette redevance pour rembourser l’investissement. Il fallait le trouver.

Les travaux pouvaient ainsi démarrer. Ils ont pris plusieurs années et le gazoduc fut inauguré en 1981.

C’est donc ainsi la Tunisie est actuellement propriétaire à part entière de SON gazoduc et de TOUTES les installations nécessaires au transport du gaz dès son entrée à partir de la frontière avec l’Algérie et jusqu’à la limite du plateau continental méditerranéen relevant de sa souveraineté.

Bourguiba, Pères Fondateurs de la Nation, Martyrs de la Guerre d’Indépendance, reposez en paix. Vos dignes héritiers n’oublieront jamais vos sacrifices, ni votre dévouement ; ils sauront garder le temple de l’indépendance et de la souveraineté chèrement acquises.

Quant à vous, vainqueurs d’un jour, vous qui n’avez triomphé que de votre pays et de votre peuple quand d’autres ont triomphé de la colonisation, de l’ignorance et des épidémies, vous qui êtes à la solde des ennemis de la nation et qui, à l’heure où j’écris, intriguez pour aliéner sa souveraineté par de diaboliques accords,  l’histoire retiendra votre passage comme celui d’un essaim de criquets qui a tout emporté sur son passage, réserves monétaires, richesses du sol et du sous-sol, fruit du labeur de tout un peuple et même de celui des générations futures sous forme de crédits. Votre œuvre est celle d’un Mustapha Ben Smaïl bis et votre fin sera comme la sienne, car le peuple tunisien saura se relever, vous mettre hors d’état de nuire et remettre le pays sur les rails.

Abdelaziz GATRI.  Expert-conseiller, opérations de commerce international, contentieux douanier.

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut