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Par Abdelaziz Gatri : Président, c’est l’heure ou jamais

Par Abdelaziz Gatri : Président, c’est l’heure ou jamais

Enfin, du nouveau sous le ciel tunisien. Les événements se sont soudain accélérés à une vitesse vertigineuse : motion de censure contre le chef du gouvernement, motion pour la destitution du président du Parlement, message du président de la république appelant Fakhfekh à démissionner, démission de celui-ci illico-presto, renvoi des ministres nahdhaoui du gouvernement, et Dieu seul sait ce que nous réserve demain. Ennahdha est aux abois, ses adversaires exultent et Moussi continue son show au Parlement. Dans le feu de l’actualité, le président semble avoir pris du poil de la bête et monte au créneau en faisant preuve d’un esprit manœuvrier qu’on ne lui soupçonnait pas. Il a enfin fait bon usage du peu de prérogatives que lui confère cette Constitution de canailles dont les instigateurs risquent de se retrouver sur la paille. Son capital sympathie est au sommet et même ses adversaires les plus irréductibles ne jurent que par lui.

Maintenant que les dés sont jetés, il va falloir monsieur le président peaufiner la manœuvre et ne pas s’arrêter en si bon chemin, d’abord en choisissant enfin LA PERSONNALITE LA MIEUX A MÊME de former le nouveau gouvernement, réparant ainsi votre erreur originelle d’avoir nommé Fakhfekh, un personnage insipide et sans aucune envergure et surtout sans vergogne, qui traîne un lourd dossier de conflit d’intérêts que tous connaissaient, sauf vous, apparemment.

Ensuite il va falloir réduire le nombre des ministres et Secrétaires d’Etat au strict minimum tout en coupant court avec cette monstruosité de ministres d’Etat, super ministres plus puissants que le chef du gouvernement, car adossés à des groupes parlementaires.

Pour ce faire, je propose d’éliminer d’abord plusieurs ministères à caractère populiste, tels que ceux des droits de l’Homme, des grands projets, des  Affaires religieuses, de la Femme et tous ces départements inventés juste pour être des voies de garage pour satisfaire les partis, sans aucune considération pour la rareté des ressources d’un budget exsangue, et d’en intégrer les services à la présidence du gouvernement. Ensuite, il faut regrouper les ministères à même vocation. Ceci devrait nous donner la configuration gouvernementale suivante :

1-Ministère de la Justice (regroupant les Domaines de l’Etat et les droits de l’Homme).

2-Ministère de la Défense nationale.

3-Ministère de l’intérieur (regroupant les collectivités locales).

4-Ministère des Affaires étrangères (réintégrant la Coopération internationale).

5-Ministère des Finances, de l’Economie et du commerce (regroupant aussi l’Investissement, l’industrie, l’énergie et les mines).

6- Ministère de l’Rducation, de la jeunesse et des sports (regroupant l’Enseignement supérieur et la Formation professionnelle).

7- Ministère de la Recherche scientifique et de la technologie.

8-Ministère des Transports.

9-Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’artisanat.

10-Ministère de l’Agriculture (regroupant l’environnement et les ressources hydriques).

11-Ministère des Affaires sociales et de la famille.

12-Ministère de la Santé publique.

13-Ministère de l’Equipement.

Bien sûr, ce « lifting » devrait s’accompagner de plusieurs mesures d’ordre réglementaire visant à réorganiser les départements ministériels et à redéfinir les compétences au sein de chaque ministère, de manière à décharger les ministres des tâches à caractère routinier pour qu’ils puissent se concentrer sur le travail stratégique.

Ce qui suppose une décentralisation à outrance, tant au sein de l’administration centrale pour permettre aux directeurs généraux d’expédier les affaires courantes sans en référer aux ministres, qu’au niveau régional pour alléger la charge de l’administration centrale. La généralisation de la e-administration, de la e-justice et de la dématérialisation des formalités devrait enlever plusieurs épines des pieds des ministres et leur permettre de vaquer à plein temps aux tâches de conception, d’organisation et de contrôle qui doivent être les leurs.

A cet effet, je propose un appel dès à présent à manifestation de candidatures pour les postes ministériels et administratifs à pourvoir avec présentation d’un projet d’action, et la création d’une équipe de tri composée d’universitaires apolitiques  spécialisés en ressources humaines secondée par une ou plusieurs ONG et/ou cabinets de conseil nationaux et internationaux en vue de trier les candidatures par ordre de mérite, afin de mettre à la disposition du chef du gouvernement choisi une base de données dans laquelle il pourra puiser pour pourvoir les postes.

Les personnes qui n’auront pas eu la chance et l’honneur de figurer parmi l’équipe gouvernementale et administrative choisie devraient rester à la disposition du chef du gouvernement pour lui prodiguer conseil et assistance à titre gratuit sur les grands dossiers de l’heure, tels que la sécurité nationale, l’endettement, les grands dossiers économiques et sociaux, le chômage… Ce sera une sorte de conseil économique et social bénévole.

Pour ce faire, vous devriez, monsieur le président, lancer un appel solennel à tous les partis politiques sans exception et à leur sens du devoir et de la patrie pour qu’ils apportent leur soutien à une telle initiative. Ceux qui rechigneront à manifester leur soutien se seront mis eux-mêmes au ban de la communauté nationale et exclus de l’opération de sauvetage du pays.

Je laisse le soin au constitutionnaliste que vous êtes d’imaginer la riposte au cas où les députés refuseraient le vote de confiance à un tel gouvernement.

Abdelaziz GATRI. Conseiller pour les opérations douanières, le commerce international et le contentieux douanier.

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