Economie

Par Amine Ben Gamra : Attention : il faut éviter la casse des entreprises tunisiennes face à l’impact macroéconomique de la crise du coronavirus

Par Amine Ben Gamra : Attention : il faut éviter la casse des entreprises tunisiennes face à l’impact macroéconomique de la crise du coronavirus

L’épidémie du coronavirus (COVID-19) a déjà apporté son lot de souffrances humaines et de perturbations économiques majeures partout dans le monde. En Tunisie, les mesures prises pour circonscrire la propagation du virus ont inclus des mises en quarantaine, la fermeture des frontières et l’application de restrictions généralisées aux déplacements de main-d’œuvre et aux voyages, ce qui provoquera de nettes réductions d’activité dans de nombreux services.

Il est difficile de prédire l’impact qu’aura la crise du coronavirus sur notre économie mais les implications négatives de cette situation seront conséquentes : rupture directe des chaînes d’approvisionnement, fléchissement de la demande finale de biens et de services, repli plus large au niveau des activités de nos entreprises et une contraction d’ampleur de la production.

Avant tout et pour faire face à cette situation, il convient d’allouer un soutien budgétaire supplémentaire aux services de santé, y compris des ressources suffisantes pour garantir une dotation appropriée en personnel et en outils et de prendre toutes les mesures de prévention, de confinement et d’atténuation qui s’imposent. Mais sans recourir à l’endettement surtout que le pays transite d’une phase très délicate marquée par un déséquilibre budgétaire flagrant. Par exemple, l’Etat pourra réaffecter une partie importante du volume du budget alloué à la subvention estimée à 4,18 milliards de dinars au service de santé sachant que la Tunisie bénéficiera de la baisse du prix de pétrole brut Brent à cause de la propagation de ce virus.

La BCT doit procéder à l’injection de liquidités suffisantes dans le système financier pour permettre aux banques de soutenir les entreprises,  notamment les petites et moyennes qui connaissent des problèmes de trésorerie surtout que ce problème s’aggravera suite à cette épidémie. Il faut faire en sorte que ses entreprises ne fassent pas faillite. En parallèle il faut modifier le paragraphe 4 de l’article 25 de la loi n°35 de l’année 2016, interdisant à la BCT à permettre à la trésorerie de l’Etat d’accéder à la liquidité ou aux crédits à des taux d’intérêt quasiment nuls.

Afin d’éviter que l’état n’emprunte une autre fois sa propre monnaie auprès des banques privées et soit dans l’obligation de payer outre la principale de la dette, les intérêts. Ce qui aggravera davantage son déficit budgétaire. Les banques limiteront leurs investissements dans les secteurs productifs surtout celui du tourisme et la micro-finance vue que la situation sera cruciale pour les petites et micro-entreprises, les petits commerces, les cafés, restaurants, centres d’hébergement, les artisans (et les éventuels métiers en lien avec le tourisme), les activités et services de transport individus privés des personnes, etc.

Lorsque l’épidémie reculera et que les restrictions aux déplacements seront levées, il faudra faire baisser le taux directeur pour éviter d’aggraver le niveau élevé d’endettement des entreprises et leurs difficultés actuelles de rembourser leurs dettes et surtout l’impact des charges financières sur leur performance face à la baisse d’activité.

Amine Ben Gamra. Expert Comptable – Commissaire Aux Comptes – Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie.

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