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Par Amine Ben Gamra : COVID-19 et l’obligation d’intégration économique des pays du Maghreb dans un marché unique

Par Amine Ben Gamra : COVID-19 et l’obligation d’intégration économique des pays du Maghreb dans un marché unique

La pandémie Covid-19 sera très dommageable pour toutes les économies. Bien que ses impacts socio-économiques soient très difficiles à mesurer à ce stade, il est certain qu’elle engendrera un ralentissement économique brutal dont la durée s’avère incertaine.

Nous pouvons d’ores et déjà affirmer que la plupart des régions du monde se dirigent vers une récession, y compris la région du Grand Maghreb. Presque aucun pays au monde n’échappe à la pandémie et même les pays producteurs de pétrole sont confrontés à la chute des prix du pétrole. Ces chocs entraîneront des impacts importants sur les emplois, ainsi que sur les personnes en situation précaire et menacent de faire basculer les ménages et les personnes dans la pauvreté.

La région du Grand Maghreb était déjà confrontée à des défis antérieurs à la crise, caractérisés notamment par une croissance économique bien trop faible par rapport à sa démographie. Cette pandémie pèsera lourdement sur les budgets nationaux et les balances des paiements. La chute des prix du pétrole est un facteur aggravant pour les pays exportateurs, en particulier l’Algérie et la Libye.

Face à cette situation, il est temps de s’interroger sur les interactions futures entre l’intégration économique et régionale des pays du Maghreb et sur la manière d’exploiter la complémentarité des pays maghrébins dans le domaine économique pour faire face aux conséquences néfaste de ce fléau. pandémie.

Les économies du Maghreb en ordre dispersé

Aujourd’hui, le véritable défi auquel est confrontée la région de grand Maghreb, riche en pétrole, en gaz, en produits agricoles et en tourisme, est de s’intégrer plus pleinement et plus rapidement dans les flux commerciaux internationaux.

Le 17 février 1989, à Marrakech, était fondée l’Union du Maghreb arabe (UMA), rassemblant le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. L’initiative était ambitieuse, qui dessinait une vision politique et un espace économique communs. Mais, minée par les différends politiques, l’UMA s’est révélée incapable de s’affirmer comme ensemble régional. 31 ans ont passé et les économies du Maghreb continuent d’avancer en ordre dispersé. Aujourd’hui, le volume des échanges intra- régionaux entre les pays du Maghreb est l’un des plus faibles au monde (représentent moins de 5 % du total des échanges des pays qui la composent, soit un pourcentage nettement inférieur à celui observé dans tous les autres blocs commerciaux régionaux du monde).

Les économies du Maghreb : un marché régional de près  de 100 millions de personnes

Le Grand Maghreb créerait un marché régional de près de 100 millions de personnes disposant chacune d’un revenu moyen d’environ 4.000 dollars en termes nominaux et d’environ 12.000 dollars en parité de pouvoir d’achat.

Une pleine intégration économique de ladite région permettrait une hausse importante du PIB et du taux de croissance de chacun des pays du grand Maghreb. D’après les projections de la FMI, le gain de croissance découlant de l’intégration commerciale sur la période 2018–23 est de 1,6 % en Algérie, 3,9 % en Libye, 3,4 % en Tunisie, 4,1 % au Maroc et 5,5 % en Mauritanie.

Gains de croissance découlant de l’intégration commerciale (en %)

COVID-19 : Occasion pour le renforcement des relations de coopération entre les pays du Maghreb

Il va de soi que chaque pays peut prendre lui-même des mesures importantes mais il est évident, voire même essentiel, d’adopter une nouvelle approche axée sur une intégration régionale, bien réfléchie et plus poussée pour accroitre rapidement la prospérité dans l’ensemble de la région et sortir de la situation catastrophique dans laquelle se sont trouvés les pays du Maghreb.

Une pleine intégration économique de la région pourrait commencer par le renforcement des relations de coopération et de partenariat entre le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Et ce, dans le secteur de la santé, notamment pour gérer l’épidémie du nouveau coronavirus. Ensuite la coopération peut se développer pour entamer la phase du relance économique des pays du Maghreb.

De ce fait, une meilleure coordination dans les efforts déployés par ses pays dans leur lutte contre la Covid-19 peut favoriser la levée les obstacles aux échanges intrarégionaux, la construction d’infrastructures régionales et l’amélioration du climat des affaires qui stimuleraient les échanges au sein du Maghreb.

Cela rendrait la région plus attrayante pour l’investissement direct étranger, réduirait les coûts des échanges intrarégionaux et des mouvements de capitaux et de main-d’œuvre  et améliorerait l’efficience de la répartition des ressources.

Amine BEN GAMRA – Expert Comptable – Commissaire Aux Comptes – Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie.

 

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