L’élite politique et les gens qui avaient déjà des moyens ont obtenu la participation politique, la liberté d’expression, la liberté de mouvement, la liberté d’organisation. Ce fut extraordinaire. Ils avaient touché le jackpot. Mais pour la population marginalisée qui a commencé la révolution – les pauvres et les classes ouvrières – ils disent : « Nous sommes plus pauvres qu’avant » et ils ont raison.
Dix ans se sont écoulés depuis la chute du dictateur Ben Ali. Son départ a décapité la famille régnante prédatrice et légalisé les partis politiques. Il a déclenché des révoltes à travers le monde arabe. Toutefois, le navire tunisien est encore à flot, car l’UE, les États-Unis et la Banque mondiale aident.
Actuellement, la Tunisie est un pays dont les gouvernements qui se succèdent depuis la révolution semblent réticents ou incapables de mener des réformes dont on a désespérément besoin. Les conditions de vie de la majorité se sont détériorées depuis qu’ils ont renversé l’ancien dictateur, Ben Ali, il y a dix ans.
Aujourd’hui, ceux qui se sont révoltés sont plus pauvres qu’en 2011. Aucun gouvernement n’a osé prendre des décisions économiques audacieuses. La dette extérieure, quant à elle, croît à un rythme alarmant. Deux des trois moteurs de la croissance, le tourisme et l’industrie des phosphates et des engrais, sont au point mort et le chômage des jeunes qui se sont révoltés en 2011, est passé à près de 35,7%, avec 35,4% d’hommes et 36.2% de femmes.
Ceux qui mettent en péril l’avenir de la jeune expérience démocratique tunisienne ne se trouvent pas dans les rues des villes pauvres dans l’arrière-pays. Ils vivent dans le confort. S’ils n’arrêtent pas de tergiverser, une scénario beaucoup plus violent que celui de 2011 n’est pas à exclure.
Amine BEN GAMRA – Expert Comptable – Commissaire Aux Comptes – Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie.
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