Economie

Par Amine Ben Gamra : Les agences de notation américaines sont-elles trop sévères envers notre Tunisie?

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Depuis la dernière décennie, les « Big Three » – Moody’s, Fitch et S&P – évalueraient avec un biais négatif le « risque crédit » de l’économie Tunisienne, autrement dit sa capacité à rembourser ses dettes.

Ce faisant, elles pousseraient les taux d’emprunt à la hausse, au point parfois de fermer à notre cher pays l’accès au marché.

Dernièrement et lors d’un communiqué de presse publié à Londres, l’agence de notation Fitch Ratings estime que le cadre réglementaire bancaire de la Tunisie est encore à la traîne par rapport à celui de la plupart de ses pairs africains, au moment où les banques locales s’apprêtent à introduire progressivement la norme comptable internationale IFRS 9.

Dans le reste du monde, les grandes agences privilégient souvent le “wait and see” [attendre et voir] avant de procéder à une dégradation, tandis qu’en Tunisie elles tentent de quantifier l’incertitude future en se montrant excessivement prudentes. 

Déjà, la tension monte entre l’Afrique et ses trois grandes agences de notation de crédit (Fitch, Standard & Poor’s et Moody’s). Plus précisément, l’Union africaine estime que les agences d’évaluation sont mal informées sur les économies africaines et émettent des avis injustes.

Sur les trente-deux pays notés par Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s, trente sont classés dans la catégorie spéculative.

Maintenir des investissements et des programmes d’aide devient alors plus difficile, et plusieurs Etats développés et institutions internationales ont préféré suspendre leurs aides dans certains pays africains.

Avec l’accumulation de dettes à des taux d’intérêt toujours plus hauts, les pays africains voient leur monnaie fluctuer dangereusement et l’inflation.

L’impact est dramatique pour les plus pauvres : explosion du coût des transports, de la nourriture, du logement, alors que les salaires stagnent.

Des notations de crédit plus objectives permettraient aux pays africains d’emprunter plus souvent et moins cher. De quoi leur faire économiser près de 75 milliards de dollars – l’équivalent de 80 % des besoins annuels d’investissements de l’Afrique.

Il est temps que l’Afrique se dote de sa propre agence de notation de crédit pour faire face au monopole des agences de notation américaines, dont les avis unilatéraux et négatifs pèsent sur les économies du continent.

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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Publié par
Tunisie Numérique