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Par Amine Ben Gamra : Les dysfonctionnements qui ont conduit la Tunisie à devenir une économie de bazar

Par Amine Ben Gamra : Les dysfonctionnements qui ont conduit la Tunisie à devenir une économie de bazar

Depuis la révolution, la Tunisie s’est trouvée face à des revendications sociales intenses. L’Etat a dû beaucoup dépenser, il a recruté, il a augmenté les salaires. Et cela a impacté les déficits publics.

Aujourd’hui, la situation économique et sociale s’est détériorée. L’économie tunisienne a perdu en compétitivité. Entre 2011 et 2020, l’endettement de l’Etat, des banques et des ménages a augmenté tandis que le coût de la vie s’est accru de plus de 30%. La fuite des cerveaux et l’évasion de capitaux se sont accélérées. La part des activités informelles dans l’économie a augmenté. Le taux de chômage, en particulier chez les jeunes, n’a pas diminué. La qualité des services publics et sociaux s’est sensiblement dégradée, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et des transports.

Depuis 2011, le jeu démocratique est de plus en plus capturé par les intérêts privés. Beaucoup d’argent a été dépensé indument : financement des campagnes, dons aux partis politiques, prise de contrôle des médias, salaires et avantages servis aux députés, des conseils municipaux sans pour autant renforcer les services territoriaux de l’Etat. Il est loin de satisfaire la demande d’Etat de justice, c’est-à-dire d’un Etat qui respecte la dignité  des citoyens quelle que soit leur origine sociale ou régionale et mène des politiques publiques au service du bien commun.

Faute de tenir ses promesses en termes de réduction des inégalités socio-régionales et d’amélioration des services publics, la crise sanitaire accentue aujourd’hui la crise de confiance envers la classe politique et risque d’alimenter les tensions sociales et politiques et la nostalgie à l’égard du régime de Ben Ali.

Si seulement tout cet argent avait été injecté dans l’économie cela aurait donné un coup de fouet à l’économie tunisienne.

Aujourd’hui, le défi est économique. Il faut que nous réussissions à remettre de la croissance, à faire du développement inclusif dans les régions intérieures, d’où est partie la révolution.  Il est grand temps de tout revoir, même le mode électoral source de blocage de toute tentative de relance économique.

Amine BEN GAMRA – Expert Comptable – Commissaire Aux Comptes – Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie.

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