Aujourd’hui, la situation économique et sociale est très délicate. L’économie tunisienne a perdu en compétitivité. Entre 2011 et 2021, l’endettement de l’Etat, des banques et des ménages a augmenté tandis que le coût de la vie s’est accru de plus de 30 pour cent. La fuite des cerveaux et l’évasion de capitaux se sont accélérées. La part des activités informelles dans l’économie a augmenté. Le taux de chômage, en particulier chez les jeunes, n’a pas diminué. La qualité des services publics et sociaux s’est sensiblement dégradée.
Depuis 2011, beaucoup d’argent a été dépensé indument : financement des campagnes, dons aux partis politiques, prise de contrôle des médias, salaires et avantages servis aux députés, des conseils municipaux sans pour autant renforcer les services territoriaux de l’Etat. Il est loin de satisfaire la demande d’Etat de justice, c’est-à-dire d’un Etat qui respecte la dignité des citoyens quelle que soit leur origine sociale et régionale, et mène des politiques publiques au service du bien commun.
Si seulement si tout cet argent a été injecté dans l’économie cela aurait dû donner un coup de fouet à l’économie tunisienne.
Aujourd’hui, le défi est économique. En fait le pays reste confronté à plusieurs défis liés notamment à la croissance, à l’emploi, à la stabilité du cadre macro-économique et aux disparités régionales. Malgré cette situation difficile, la Tunisie, dispose d’un potentiel de croissance important qu’il importe de saisir moyennant une participation active du secteur privé. Ceci nécessite la mise en place des réformes audacieuses pour améliorer le climat des affaires en plus d’une meilleure gouvernance et du rétablissement de la confiance entre les différents partenaires socioéconomiques.
En prenant le pouvoir le 25 juillet dernier, le Chef de l’Etat était assurément conscient de ces défis économiques et de ces risques financiers. Ainsi, les priorités économiques aujourd’hui devront inclure :
Nous n’avons plus de temps à perdre. Car, au sortir d’une décennie de très faible croissance, qui l’a déstabilisé sur les plans économiques et social, la Tunisie est tenue de se mettre rapidement en ordre de marche.
Le président Kais Saied ne doit perdre de vue la nécessité d’opérer des réformes économiques rapides pour relancer la croissance et l’investissement. Mais au préalable il faut mettre en place un nouveau gouvernement et établir une feuille de route claire et un train de réformes global, dans le cadre d’un pacte social rassemblant toutes les composantes nationales (syndicat, patronat, société civile…).
Il est grand temps d’être transparent, oser débattre publiquement, rétablir le taux de croissance économique et maintenir la paix sociale et politique ce qui exigera de hautes compétences économiques et politiques au sein du nouveau gouvernement.
Amine BEN GAMRA
Expert Comptable
Commissaire Aux Comptes
Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie
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