Tunisie

Par Amine Ben Gamra : Standard & Poor’s fait les yeux doux à la Tunisie

Par Amine Ben Gamra : Standard & Poor’s fait les yeux doux à la Tunisie

Un secteur bancaire robuste est capable de faire face à différents chocs négatifs tout en contribuant à la stabilité du système financier. Cependant, un système bancaire faible peut déclencher la fuite des capitaux et forcer une éventuelle hausse du taux d’intérêt, affaiblir le financement de l’économie et abandonner le secteur privé lors des périodes de récession ou de crise économique.

Dernièrement, l’agence de notation « S&P Global Ratings » a révisé à la baisse sa tendance sur l’évaluation des risques sectoriels du système bancaire tunisien de négative à stable. Et ce malgré le ralentissement de l’économie nationale, l’incertitude macroéconomique, la hausse des taux d’intérêt et les changements climatique que le pays a connu ces dernières années.

Voici quelques-unes des principales constatations sur le secteur bancaire tunisien :

Les banques tunisiennes opèrent sur un marché fragmenté et très concurrentiel qui pèse sur leur rentabilité.

Le secteur a connu un essoufflement quasi général de son activité de crédit à l’investissement qui s’explique, d’une part, par la morosité du climat des affaires qui a induit une baisse de la demande des crédits pour le financement de projets, et d’autre part, par la volonté des banques d’accorder la priorité à la collecte des dépôts plus qu’à la distribution des crédits à l’investissement.

Les banques tunisiennes continuent d’opérer avec des exigences de fonds propres faibles par rapport aux normes internationales, et le non-respect de ces exigences n’est pas sévèrement réprimé.

La gouvernance et la transparence sont à la traîne par rapport aux normes internationales après les reports répétitifs de l’adoption des normes IFRS.

Le ratio des prêts non productifs par rapport au total des prêts restera élevé, autour de 16 %, au cours des 12 à 24 prochains mois et avec l’amendement de l’article 411 sur les chèques sans provision la situation des créances douteuses va empirer.

Pour conclure, les banques tunisiennes sont très vulnérables et leurs modèles d’affaires devraient mis à l’épreuve. La croissance organique devrait être modeste, poussant la plupart des institutions à rechercher de nouvelles sources de valeur dans un environnement ou les capitaux sont rares.

 

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

 

 

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