Economie

Par Ben Gamra : Microfinance et les risques de surendettement pour les microemprunteurs

Par Ben Gamra : Microfinance et les risques de surendettement pour les microemprunteurs

La microfinance désigne la mise en place de financements spécifiques en faveur des populations marginalisées, démunies et non bancables en vue de leur permettre de créer des activités génératrices de revenus et d’améliorer leurs conditions de vie. La microfinance est donc conçue comme un précieux outil d’inclusion économique, de réduction de la pauvreté et des inégalités et parsuite de renforcement du tissu économique.

Toutefois, la crise liée à la pandémie de Covid-19 a augmenté les risques de surendettement pour les 140 millions de microemprunteurs dans le monde, dont 80 % sont des femmes. Leur encours est estimé à 124 milliards de dollars (103,9 milliards d’euros).

Partout dans le monde, la colère monte contre les institutions de microfinance. Dans le nord-est de l’Inde, des milliers de femmes ont manifesté contre l’harcèlement des organismes de microcrédits. Certaines ont même demandé symboliquement aux autorités la permission de se donner la mort pour échapper à leurs créanciers… Dans le nord du Kirghizistan, plusieurs dizaines de femmes portant des foulards noirs, la couleur du deuil, se sont barricadées dans un bâtiment de l’administration avec des bidons d’essence, et ont menacé d’y mettre le feu si leurs créanciers ne leur offraient pas un peu de répit. Au Sri Lanka, d’autres femmes sont descendues dans la rue, en mai, pour réclamer l’aide du gouvernement contre l’esclavage du microcrédit.

En effet, la plupart des usagers du microcrédit travaillent dans le secteur informel, or celui-ci a été le plus sévèrement touché par la crise. Les emprunteurs, privés de revenus, se sont enfoncés dans le surendettement à des niveaux alarmants.  Une vaste enquête menée entre juillet et novembre 2022 dans vingt et un pays, auprès de 18 000 clients de la microfinance, révèle que 84 % d’entre eux ont vu leur situation financière se dégrader. Près du tiers d’eux ont été contraints d’emprunter de l’argent à des proches ou à des usuriers, voire de vendre des terres ou d’autres actifs pour rembourser leurs dettes.

Pour éliminer ce risque la microfinance devrait s’insérer harmonieusement dans une approche globale et intégrée de tout un processus de développement comportant en outre la sensibilisation/information, la formation/apprentissage, le soutien et l’accompagnement en vue de la réussite des activités génératrices de revenus et des microprojets, ce qui confère à l’inclusion une finalité sociale, en plus de sa dimension économique.

Amine BEN GAMRA

Expert Comptable

Commissaire Aux Comptes

Membre de l’Ordre des Experts Comptable de Tunisie

 

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