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Par Habib Karaouli : Arrêtons !

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Il est des moments dans l’histoire individuelle et collective où il est n’est plus permis de garder le silence, de laisser faire, de se laisser faire, de ne pas prendre position et finalement de ne pas assumer ses responsabilités face à sa conscience d’abord et à l’histoire ensuite.

Les événements tragiques que nous vivons ces derniers jours nous confrontent aujourd’hui à des questions essentielles et vitales.

Dans ces moments difficiles, prompts aux débordements et aux amalgames de toutes sortes, il est crucial que des voix de la raison, de tous bords et de toutes contrées s’élèvent pour éclairer, montrer le chemin et dire ce qui leur semble juste.

Il est temps de regarder les choses en face. Ne nous laissons pas mener vers les sentiers d’une guerre perdue d’avance par tous. Il est temps de dire Non à la confrontation permanente. Non aux anathèmes et aux excommunications. Non à l’exclusion.

Mettons-nous d’accord sur quelques règles de base qui peuvent nous baliser le chemin:

– Dénonçons tous avec la plus extrême vigueur, et sans nuances, ces actes barbares qui ne relèvent d’aucune religion, d’aucun dogme et dont sont responsables en premier ceux qui nourrissent ces sicaires déshumanisés, pays comme « guides », qui les endoctrinent et qui les élèvent dans la haine et la négation de l’autre.

– Aucun argument au monde ni aucune justification ne sauraient excuser que l’on s’en prenne à l’intégrité physique d’autrui et à la vie de personnes innocentes. C’est interdit par la loi et par la foi.

– Arrêtons de généraliser et de faire l’amalgame. Le gouvernement français n’est pas le peuple de France. Cette France éternelle dont les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité sont consubstantielles de son identité et dépassent tous les clivages et autres vicissitudes de l’histoire.

– Arrêtons de confessionnaliser les gens et de les réduire à leur simple appartenance religieuse. Non, « la religion n’est ni une identité, ni une culture, ni une nation. C’est un rapport personnel à Dieu, une voie vers Lui »[Dixit Mohamed Talbi].

– Arrêtons de pointer un doigt accusateur de la main droite et de tendre notre sébile de la main gauche vers cette France décriée. Maudire ou bénir, il faut choisir.

– Interrogeons nous sur les conséquences des interventions en Irak, en Libye, en Syrie et ailleurs pour soutenir ceux-là mêmes que l’on dit combattre sous couvert de « démocratie » et sous prétexte d’abattre des régimes dictatoriaux qui, et sans justifier leur existence, n’ont jamais constitué une menace du niveau de celle que représentent ces hordes sans foi ni loi.

– Dénonçons les relations ambiguës des gouvernements français successifs avec les monarchies du Golfe dont certaines financent, protègent et orientent les extrémistes et les terrorises.

– Continuons de soutenir et de protéger les musulmans tenants d’un Islam de lumière quand ils sont  en butte au harcèlement et aux fatwas de ces mêmes extrémistes.

– Dénonçons la manipulation dont nous sommes victimes et restons vigilants sur la compréhension des enjeux géostratégiques, multi centenaires, entre la France et la Turquie. Non. Erdogan n’est pas le défenseur de l’Islam qu’il prétend. Peu lui importe le sort de millions de musulmans qui seront victimes innocentes de cet amalgame. Pour lui, l’enjeu est l’exploration pétrolière en Méditerranée orientale et la mainmise sur la Libye occidentale.

– Arrêtons de considérer que tout musulman est un islamiste et un terroriste en puissance. Cela ne fera que pousser les plus paisibles d’entre eux vers les extrêmes. Pour paraphraser Voltaire, certains antimusulmans me donnent envie d’aller à la mosquée.

– Ne perdons jamais de vue que la plus grande des victoires des terroristes est justement d’arriver à diviser nos sociétés, à les cliver et à conforter les âmes sensibles et les hésitants dans leur perception de traitements discriminatoires.

– N’oublions pas que rien de durable ne peut être bâti sur la haine, la négation de l’autre ni sur la contrainte.

De tous temps, et pour toutes les religions, cette engeance meurtrière a constitué une extrême minorité dont on ne s’est pas débarrassé par la seule force de l’épée mais aussi et surtout par la prévention, l’éducation, le dialogue et l’union.

Unissons-nous dans ce combat pour notre communauté humaine, pour la vie, pour nos libertés, pour ce qui nous rapproche, pour ce que nous pouvons faire ensemble pour un mieux vivre dans la concorde et la sérénité.

Habib Karaouli.

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Publié par
Tunisie Numérique