Société

Par Henda Haouala : Afek Tounes, enfin un regard vif sur la culture

Par Henda Haouala : Afek Tounes, enfin un regard vif sur la culture

 Le mardi 21 Décembre 2021, le parti politique Afek Tounes, en présence de son président Monsieur Fadhel Abdelkefi, a tenu une rencontre avec, entre autres, des artistes et des journalistes tunisiens à l’occasion de la clôture de son troisième congrès.

Voilà enfin qu’un parti politique s’intéresse au secteur de la culture. Cette rencontre a eu lieu dans un endroit fortement symbolique: celui de l’espace El Théâtro.

Fort de constater que les décideurs politiques n’ont pas accordé, jusqu’à aujourd’hui, un examen complet et détaillé concernant l’impact des facteurs culturels sur le développement économique. Il me semble qu’il est nécessaire de définir d’abord ce qu’est la culture. L’UNESCO a donné la définition  suivante : «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.». La culture est tout simplement ce qui définit toute personne au sein d’une société, autrement dit, la culture est mode de réflexion, de fonctionnement, de rationalisation et d’action. Où sommes-nous par rapport à ce mode ? Le secteur de la culture suffoque depuis une belle lurette, considérée comme une affaire justement (Ministère des affaires culturelles) et jamais en tant que mode individuel et collectif de notre société. Le secteur est accablé par des lois archaïques et une administration sclérosée. La culture c’est le passé, le présent et le futur, c’est notre Histoire.

Raja Ben Farhat, présent dans cette rencontre, a insisté sur ce point, sur le travail colossal que nous tous devons envisager pour restaurer notre histoire, il ajoute  « Nous avons une relation pathologique avec notre histoire ».

En parlant de relation pathologique, la toute dernière loi qui a été votée, celle de l’interdiction de l’utilisation d’un drone, pensez-vous que ceux qui ont voté cette loi ont pensé aux conséquences sur l’industrie audiovisuelle ?

 Depuis 2011, la Tunisie  a perdu une grande part de son marché international relatif au secteur cinématographique. Des tournages de films étrangers ont été détournés vers d’autres pays notamment le Maroc à cause de l’instabilité politique qu’avait connu la Tunisie. Aujourd’hui on enfonce encore plus ce clou en votant des lois qui font perdre au pays une véritable boucle économique. Au Maroc, chaque année plus de 30 réalisateurs allemands, américains, italiens, britanniques, français tournent des films, des séries télévisées, des vidéos clips, des spots publicitaires en plein désert. Le film Le prince of Persia a été tourné avec un budget de 200 Millions de dollars, plus du tiers a été investi dans l’économie locale. En 2018, plus de 730 Millions de Dirhams ont été investis dans les productions audiovisuelles (Plus de 200 Millions de dinars).

Quelques chiffres qui nous informent que nous sommes loin du compte. Il est grand temps d’accorder et de concevoir un regard autre sur la question de la culture : un écosystème intimement lié à l’économie nationale. Une lueur d’espoir qu’un parti politique décèle ce lien et tente de proposer une vraie réflexion sur le sujet pour en faire un projet. La Tunisie recèle des potentialités qui attendent une véritable rénovation des lois pour être débloquées et accéder à un nouveau rang de modèle économique digne d’un pays aussi riche, la Tunisie.

Henda HAOUALA

Maitre de conférences en techniques audiovisuelles et cinéma

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