Après Album de famille, La voie normale, Erige Sehiri signe Sous les figues sélectionné à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2022. Le film sort dans les salles tunisiennes le 6 Novembre après une avant première aux JCC dans la sélection officielle des longs métrages de fiction et primé par le Tanit d’argent. Sana, Fidé, Meriem, Malek, Firas, Abdou, Gaith et d’autres partent au petit matin pour la cueillette des figues à Makthar.
Une fois arrivés et sous les figuiers, la vie prend tout un autre sens. Sous un soleil éclatant et une esthétique de film documentaire, Erige Sehiri prend son temps pour raconter ses personnages un par un. Elle s’attarde sur leurs têtes perchées, ils cherchent du regard la figue mûre, peut être aussi le moment opportun pour réfléchir ou chercher les mots qu’il faut. Pendant la cueillette, les jeunes discutent entre eux, des histoires d’amour se dessinent, d’autres semblent prendre fin.
Toute la beauté du film réside justement dans cette définition donnée à l’amour. Tout au long de cette journée de travail, sous une lumière étincelante où la réalisatrice caresse carrément leurs visages avec sa caméra nous livrant un portrait délicat de cette jeunesse, les jeunes se lancent des œillades mais pas que, ils règlent leur compte.
Le film n’a rien de monumental mais sa grandeur réside dans sa sincérité, simplicité et « générosité » tel que l’a qualifié le critique français Charles Tesson. Sur le plan technique Sous les figues pourrait sembler minimaliste néanmoins son poids réside dans la narration des portraits.
Erige Sehiri a finement pressenti que toutes ces figues cueillies portent en elles des rêves, des déceptions, des idées tranchées, des amours interdites mais aussi de la douleur et de la souffrance. Ce film, sorte de journal intime vivant racontant une jeunesse tunisienne sûrement oubliée, tantôt euphorique tantôt désespérée, mais qui croit durement que demain sera meilleur.
Avec Sous les figues, Erige Sehiri apporte quelque chose d’autre au cinéma tunisien : une nouvelle approche et une nouvelle esthétique cinématographique. Ce film est un moment de répit, de sérénité mais surtout de sincérité. N’oublions pas que faire du cinéma c’est mentir le plus sincèrement possible.
Henda Haouala
Jury Fipresci/ JCC 2022
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