Avec le Covid-19, l’universalité a trouvé tout son sens en transgressant toutes les frontières raciales, religieuses, géographiques, politiques et sociales. Avec 4 Milliards de personnes confinées, des gestes barrière généralisées et des mesures sanitaires standardisées, le Covid-19, malgré son catastrophisme et ses effets dévastateurs, a unifié la planète et a codifié les comportements.
La terre est en mode pause et pourtant elle continue de tourner sans que l’homme ni la science n’aient le contrôle sur sa vitesse ou sa rotation. La terre continue de tourner alors que les musulmans sont interdits de tourner autour de la Mecque pendant Ramadan. La terre continue de tourner alors que les chrétiens sont interdits de Vatican pour les fêtes de Pacques. La terre continue de tourner alors que le ciel s’est vidé de tous les avions cloués au sol et que les routes asphaltées sont privées de véhicules.
Désormais l’humanité est empêchée de vivre sur une terre marquée par les interdictions de se déplacer, de circuler, de faire du sport, de s’attabler à une terrasse, de voyager, de manger dans un restaurant, de se saluer et de s’embrasser.
La terre est à l’arrêt et pourtant la nature continue d’alimenter notre vie avec son beau temps, son soleil brûlant, son froid glacial, ses pluies torrentielles, son mistral, ses volcans, sa faune, sa flore, ses tremblements de terre, ses montagnes, ses océans et ses rivières.
Avec une terre en mode pause, l’humanité est devenue un otage qui attend la délivrance de la science pour le déchaîner de ses incertitudes, de ses souffrances et de ses maux indescriptibles.
La terre est l’arrêt mais le temps continue de s’écouler avec ses minutes, ses heures, ses jours, ses mois et ses années. Et si l’humanité n’en gardera que les souvenirs d’un comportement codifié et standardisé, elle exhorte la science à la sauver et implore la médecine à la soigner.
La terre est en mode pause avec un horizon dégagé et pourtant nos politiques sont frappés de myopie aveuglante et d’insuffisance idéologique suicidaire. Malgré les 10 tours faits par la terre autour du soleil et les 4 000 tours réalisés autour d’elle-même depuis 2011, nos politiques n’ont pas réussi à faire le voyage dans le temps en restant otages du passé et prisonniers de leurs incuries.
La terre est en mode pause et pourtant nos politiques restent scotchés en mode faute d’assimiler les notions de relativité dans le temps et dans l’espace d’Einstein. Ils n’ont pas réussi à se défaire des ombres de Bourguiba et Ben Ali partis pour l’un il y a 35 ans et pour l’autre il y a 10 ans.
Impotents politiquement, indigestes intellectuellement, inconvenants moralement et méconnaissant de temporalité relative, nos politiques à défaut d’idées, de solutions et de visions stratégiques ont fait du déni du passé un argumentaire et de l’ingratitude et de la calomnie un programme. Incapables de faire un inventaire objectif et de dresser un bilan analytique des 2 présidents défunts, tous se servent du passé pour vanter un présent incertain et du présent pour dénigrer le passé. Et si pour certains l’héritage de Bourguiba est leur raison d’être, pour d’autres la dénégation d’un pan de notre histoire avec ses qualités et ses défauts est leur unique argument pour masquer leur incompétence, leur aigreur et leur déficience.
La légitimité politique ne s’acquiert pas par les insultes et encore moins par la violence, l’hypocrisie, la paranoïa ou la schizophrénie mais par la grandeur d’esprit, l’intelligence et les visions constructives. Benjamin Franklin, répondit à une américaine qui l’interpellait sur ce qu’il allait laisser après son mandat : « Je vous laisse la démocratie si vous saurez la garder »
A bon entendeur
Imed Derouiche
Que se passe-t-il en Tunisie?
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