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Par Imed Derouiche : Les 7 péchés capitaux d’Ennahdha

Par Imed Derouiche : Les 7 péchés capitaux d’Ennahdha

La Tunisie serait-elle devenue ingouvernable ? Une question qui inquiète les tunisiens ordinaires et qui interpelle les constitutionnalistes et les politiques, d’autant que le pays traverse une crise institutionnelle sans précèdent, mettant aux prises le locataire de Carthage à celui du Bardo.

Le combat s’annonce âpre et si le Président de la République marque des points sur son adversaire du Parlement, la victoire ne résulte pas de la force du premier mais bien des faiblesses et des failles du 2 ème, qui par arrogance, nombrilisme et suffisance s’est cru insubmersible tel le Titanic.

A vouloir voler très haut et à vouloir dominer l’arène par machiavélisme, le faucon de Montplaisir s’est cassé les ailes tout seul laissant son adversaire manœuvrer tranquillement pour marquer son territoire et imposer le tempo selon ses propres convictions.

Le 1 er péché originel d’Ennahda est sa jubilation et son triomphalisme après l’adoption de la Constitution du 26 Janvier 2014. Apôtres des positions victimaires et schizophréniques, les Nahdaoui ont tenté de vendre la Constitution hermétique et nébuleuse comme une des meilleures réalisations politiques et leur plus belle victoire pour masquer leur débâcle “troikale” et de leur éviction du pouvoir après les assassinats politiques. 6 ans après, Ennahdha est piégée par sa propre Constitution par un Président qui se complaît à s’en déjouer avec malice et tact.

Le 2 eme péché d’Ennahda est son ingratitude envers Beji Caied Essebssi qui l’a imposée comme composante principale du gouvernement malgré la victoire de Nidaa aux législatives de 2014. En reconnaissance à BCE, Ennahdha a joué la carte de son enfant illégitime, Youssef Chahed qui a trahi son mentor et l’a réduit à un Président spectateur à la fin de son règne quinquennal.

Le 3 eme péché d’Ennahda, est sa machination douteuse et son alliance subjective avec Youssef Chahed pour saborder la création de la Cour Constitutionnelle, qui aurait pu être le meilleur et l’unique rempart contre les distorsions constitutionnalistes de l’actuel Président de la République

Le 4 eme péché d’Ennahda, est son alliance avec Youssef Chahed pour stopper la montée fulgurante de Qalb Tounes et anéantir les chances présidentielles de son fondateur Nabil Karoui qui aurait été un Président plus conciliant et compréhensif que Kais Saied.

Le 5 eme péché d’Ennahda, est son soutien à Kais Saied lors du 2 eme tour et sa posture frontale avec Qalb Tounes. Ne se contentant pas des appels au vote massif, somme toute légitime politiquement, ils ont dénigré leur adversaire moralement en le diabolisant et en le présentant comme l’icône de la Mafia et l’ennemi juré des valeurs républicaines.

Le 6 eme péché d’Ennahda, est l’intronisation de son chef historique, Rached Gannouchi à la présidence du Parlement. Au sortir de sa tour d’ivoire de Montplaisir et de son rôle de faiseur de Rois, le Guide Suprême est redescendu sur terre pour affronter dans l’arène du Bardo les foudres de ses adversaires politiques et subir les turpitudes des querelles quotidiennes sur des questions formelles et parfois insignifiantes.

Le 7 eme péché d’Ennahdha est le choix douteux de Jemli pour former le premier Gouvernement post élections. Manquant de charisme, dépourvu de visions, Nahdaoui de 5 eme rang, ni figue ni raisin, ne disposant pas d’appui politique large et ne répondant pas aux minimas requis pour la primature, Jemli a été de l’avis de tous les observateurs la mauvaise carte qu’Ennahdha a tenté de jouer pour bluffer ses adversaires mais aussi et surtout ses alliés.

A une dame qui l’interrogeait sur ce qu’il allait laisser aux américains, Franklin Roosevelt répondit avec tact et beaucoup de sagesse “Je vous ai laissé la démocratie si vous saurez la garder”. Une réplique que pourrait fredonner BCE, de là où il est et même s’il a légué des institutions stables et qu’il a fait preuve de sagesse et de retenue pendant son quinquennat, il est légitime de lui reprocher sa passivité quant à la création de la Cour Constitutionnelle, unique rempart contre toutes les tentatives de présidentialisation du système politique qui feront du Chef de Gouvernement un Premier Ministre réduit aux seules taches d’exécution des directives présidentielles.

Aidekom Mabrouk.

Imed Dérouiche.

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