Par Imed Derouiche : Phosphate contre Démocratie

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La crise de la Covid-19, le nihilisme d’une partie de la classe politique aigrie, la complaisance des enfants naturels du 1er Régent d’Irak après la chute de Saddam avec sa fameuse formule “Pétrole contre Nourriture”, l’absence totale d’autorité de l’Etat, le manque de stratégie de développent et l’hérésie libertaire vont anéantir les fondamentaux de notre économie qui tournait à 7% de croissance et plonger le pays dans la spirale d’une misère incommensurable jamais connue depuis l’indépendance.

La rançon de la Démocratie serait elle la paupérisation ? Tout comme l’Irak qui a été vendu à un vil prix par ses enfants traitres au nouveau Régent contre une poignée de Dollars, la Tunisie est sacrifiée par des politiciens ambitieux mais sans vision futuriste et pragmatique sur l’autel de la Démocratie pour des sièges souvent éjectables.

Fleuron de notre industrie minière, le phosphate est à l’arrêt et la Tunisie, jadis pourvoyeuse de ces minerais aux quatre coins de la planète est réduite à en importer. L’égoïsme, le régionalisme et les vagues populistes ont transformé nos gisements salvateurs en source de médisance et de colère divine qui s’abattent sur un peuple déjà meurtri.

Avec des pertes sèches atteignant les 1 700 Millions de Dinars, l’émergence d’autres pays producteurs comme l’Algérie, l’Arabie Saoudite ou le Togo et l’augmentation des couts de production qui sont passés de 50 Dinars la Tonne en 2011 à 190 Dinars aujourd’hui, la Tunisie n’est plus compétitive et ne pourra plus rivaliser avec les nouveaux pays producteurs. Une inflation de coût de production qui résulte du laxisme et du manque d’imagination des gouvernements successifs qui, pour absorber la colère sociale et contenir les revendications, ont opté pour l’emploi massif dans les sociétés d’Environnement avec l’embauche de 12 000 personnes coutant 159 Milliards par an.

Une approche frileuse et improductive qui favorisé la flemmardise et a fait éclore la notion de Salaires Fictifs comparable au Bitcoin puisque l’Etat consent à octroyer des salaires sans contrepartie productive ou travail matérialisé.

Cette spirale négationniste de l’effort amorcée par les gouvernements a encouragé d’autres secteurs à emboiter le pas comme ce qui se passe avec les protestataires d’El Kammour dont les revendications sont compréhensibles mais dont les actions illégales ont été légitimées par le gouvernement de l’époque qui a signé des accords en 2017 leur promettant les mêmes mécanismes d’emploi et de salaires fictifs que ceux du phosphate.

Nos responsables politiques devront doubler de créativité et surtout d’audace et de courage pour trouver à ce phosphate maudit et à notre prétendue richesse pétrolière imaginaire d’autres alternatives plus rentables économiquement et surtout moins polluante politiquement et socialement.

Face à ce chaos économique, les tunisiens unanimes n’en ont cure de cette hérésie libertaire et libertine qui a balisé les contours de la paupérisation. Ils veulent des actions concrètes pour sortir notre économie de sa léthargie et de sa torpeur. Ils veulent un plan Marshal pour entrevoir de l’espoir et des lendemains enchanteurs.

La  Tunisie a besoin, maintenant plus que jamais, de têtes bien pleines, des patriotes courageux et stratèges pour affirmer que le futur de ce pays n’est plus le phosphate, le pétrole ou le tourisme mais d’autres leviers plus rentables et moins polluants idéologiquement et socialement. Des politiques visionnaires capables de transformer Hammamet Sud en Silicon Valley du Moyen Orient, le Sahara en Eldorado des énergies solaires, capables de produire 500 MW,  Sousse en grand hub du tourisme médical en convertissant ses hôtels abandonnés en Cliniques, le Sud en Nappa Valley agricole  en misant sur la création d’un pipeline d’eau dessalée entre Gabés et Gafsa pour en faire un joyau de l’agriculture et des industries de transformation agricoles.

Tataouine, quant à elle, pourrait devenir le vivier de centaines de projets culturels, artistiques et de service à fort potentiel d’employabilité, capables d’absorber plus que les 1 500 emplois réclamés par les prestataires d’El Kamour.

Prisonnière de ses dettes et de ses bailleurs de fonds, la Tunisie est acculée à imprimer 17 Milliards de  dinars pour payer ses fournisseurs, éponger les pertes des Entreprises Publiques, renflouer les Caisses Sociales, payer sa dette et surtout renverser un anachronisme économique particulier avec des caisses de l’Etat vides et des banques locales dégageant des bénéfices records qui ne se sont pas inscrites dans l’effort national de soutien au secteur privé pendant et après la crise de la Covid 19.

Pour stopper cette hémorragie inflationniste et préserver les acquis démocratiques , le Gouvernement actuel devrait user de tous les moyens de pression ( contrôle du flux migratoire ), respect des accords et des promesses de soutien pour négocier une partie de la planche à billets européenne et permettre ainsi à la Tunisie de disposer de liquidités suffisantes pour des projets de développement structurants et pérennes.

Imed Derouiche.

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Publié par
Tunisie Numérique