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Par Imed Derouiche : Un masque qui cache la peur

Par Imed Derouiche : Un masque qui cache la peur

En m’attablant dans un restaurant d’hôtel à Hammamet pour dîner en famille, c’est le regard du jeune serveur qui m’interpelle malgré le masque de protection qu’il portait conformément au protocole sanitaire imposé par le ministère du Tourisme.

Un regard mitigé, partagé entre sa joie de retrouver enfin son travail après la crise du Coronavirus et la peur de le perdre encore une fois à cause de la crise post Corona et l’absence de clients dans un hôtel presque désertique. Un sentiment d’incertitude et une ambiance délétère qui plongent ce jeune serveur et les 400 000 personnes travaillant dans le tourisme  dans l’incertitude et l’inconnu. Avec l’absence de touristes, le coût exorbitant de l’entretien des hôtels et l’absence de solutions alternatives, l’ogre du chômage pointe à l’horizon et menace des centaines de milliers de personnes.

Qu’a -t-il fait  pour mériter ce sort et subir dans l’indifférence des autorités les foudres ravageuses de cette pandémie ? La jeunesse des villes côtières, la jeunesse de Tunis et la jeunesse du Kammour vivent le même désarroi  et si les gouvernants d’aujourd’hui daignent à trouver les solutions et les remèdes car ils sont plus préoccupés par  leurs équilibres politiques et partisans que par la souffrance des jeunes, les gouvernants d’hier ont vendu du vent et promis des rêves aux jeunes du Kammour pour les anesthésier avec l’espoir de remporter les élections. La promesse d’embaucher 1.500 personnes non qualifiées par les compagnies pétrolières, il y a de cela 3 ans relevait de la manœuvre politicienne et montre aujourd’hui que les masques des politiques sont tombés car il s’agissait d’un simulacre et d’un mensonge impardonnable.

Il est vrai que les  promesses n’engagent que ceux qui les croient mais il est aussi indécent et incongru d’entretenir de faux espoirs et de promettre aux jeunes du Kammour un brin de soleil dans un monde assombri par le mensonge, la misère, la cupidité et l’incompétence. Le confort douillet et la tour d’ivoire des  palais de la République ont aveuglé nos politiques et le fossé qui les sépare des jeunes est aussi profond que l’antagonisme entre les aspirations légitimes de ces derniers et la corruption politique et idéologiques des premiers. La jeunesse de Kammour est lasse des cortèges  pimpants des responsables qui avancent en reculant avec la peur au ventre pour éteindre la braise de la révolte.

Dépourvus de visions globales pour la région, ignorants la réalité et incapables de se projeter, ils ne peuvent prescrire que des soins palliatifs à une jeunesse  métastasée par la misère.  Et si nos politiques se targuent de la généralisation de la 4 G et de l’introduction prochaine de la 5 G, la réalité est que la Tunisie ne dispose pas encore d’une cartographie en 3D de son sous-sol pour lui révéler toutes ses richesses et tout son potentiel. Un méga projet de la Tunisie en 3D qui pourrait absorber sur les 20 prochaines années toute cette jeunesse pleine d’entrain. (Lien article La Tunisie en 3 D)

La peur est en train de changer de camp  entre la jeunesse qui craint l’avenir et son incertitude et les politiques qui s’accrochent à leurs petits confort  et leurs privilèges nonobstant leur incompétence, leur suffisance et leurs erreurs. Il n y a que  le prestige qui vaille en terre d’Hannibal et contre vent et marrée, contre les vérités absolues de défaillances , contre les preuves accablantes de conflits d’intérêts et contre les affronts de l’opinion publique, aucun de nos responsables politiques n’a la force intellectuelle ou le  courage idéologique de démissionner et de se mesurer aux jugements de l’histoire.

Imed Derouiche

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