Franchement, il est des fois bon de se taire. De faire silence quand on en vient, au plus sommet de l’Etat, à tergiverser sur les dates d’une révolution qui, de fait et onze ans plus tard, désenchante une grande majorité de Tunisiens. Ni la révolution du 17 ni celle du 14 n’a répondu aux attentes du peuple. Le peuple avait doublement été floué, trahi. Le 17, c’était la dignité. Le 14, c’était la liberté. Onze ans plus tard, il a trop de liberté et il a beaucoup perdu en dignité. Il a de surcroît aujourd’hui faim…
Une vraie révolution est un bloc et un leader. Politique, institutionnelle, sociale et économique. Et un leader et non des leaders. Nous avions de ce point de vue, tout faux , dès le début. Les 17 décembristes accusaient déjà alors les 14 janvietistes de leur avoir volé leur révolution…
Résultat, onze ans plus : une société déstructurée, et une régression à tous les niveaux de la vie en société. Crises politiques et institutionnelles à répétition sur fond d’un marasme économique peu commun.
Le 25 juillet 2021, avait été ressenti comme un moment de délivrance par une immense majorité de Tunisiens. Ce momenteum où Dignité et Liberté convergent enfin. Le moment où le peuple se réconcilie avec lui-même et dans l’union et l’unité s’engage à avancer, à se reconstruire en regardant résolument vers l’avenir.
Franchement, il est parfois bon de se taire quand , au plus haut sommet de l’Etat la voix n’est pas tout à fait portée vers l’union et la mobilisation des forces vives et d’une société certes en souffrance mais qui reste tout particulièrement vivace.
De grandes décisions sont attendues pour le 17 décembre prochain. Carthage a encore de la marge. Beaucoup de marge de manœuvre. Formulons le vœux que ce sera à la hauteur des réelles attentes et aspirations de tout un peuple. Le peuple n’en peut plus des désenchantements.
Dans le cas contraire, le pire est à craindre.
Jawhar Chatty
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