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Par Jawhar Chatty : Cent morts en une journée, et demain ?

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Cent morts de la Covid-19 en une seule journée. Il est loin le temps de la première vague quand l’annonce d’un seul décès nous faisait sursauter, nous angoissait, nous terrorisait. C’est à croire que l’on a fini par se familiariser avec la mort. Accepte la mort est une chose mais qu’elle devienne à ce point banal  et banalisée, c’est absolument affligeant.

Il y a maintenant plus de quatre mois, une ministre avait eu l’audace de dire qu’ il nous fallait « désormais apprendre à vivre avec la Covid-19». Personne n’y avait sérieusement prêté attention. Le propos était pourtant profond; il avait valeur d’un sérieux avertissement.

A l’époque, il est vrai, la classe politique avait la tête ailleurs, d’autres soucis  bientôt partagés par Ennahdha, principal parti formant la « ceinture politique » du gouvernement. Avec en filigrane une guerre déclarée entre Carthage et Monplaisir, pour le mouvement islamiste l’urgente priorité était devenue le départ du locataire de la Kasbah devenu un peu trop « incommodant ». Une situation délétère au plus haut sommet du pouvoir qui tout naturellement avait favorisé l’intrusion de toute sorte de…lobbies.

La question de la santé publique s’était liquéfiée, était devenue vaporeuse. Du confinement général, le pays était très vite passé au confinement dit ciblé. Ouverture des frontières, arbitrages entre souci sanitaire et souci économique sur fond, ne l’oublions pas, d’une crise économique et financière sans précédent et d’un climat social qui menaçait d’explosion.

Après un semblant  d’accalmie « estivale », la pandémie a, au début du mois d’octobre 2020, repris du poil de la bête…toujours sur relents de guerre de palais, de déchirures politiques et d’instabilité politique. On ne va pas discuter de la pertinence de la décision de l’actuel gouvernement de confiner le pays pendant 4 jours. Les dégâts sont là, ils étaient déjà latents, un amoncellement de dégâts.

Ce qu’ il faudrait à ce propos bien comprendre est une chose somme toute simple, triviale : à chaque étape de la gestion de la crise sanitaire Covid-19, il a manqué une chose essentielle aux décideurs: la sérénité.

Quand telle une épée de Damoclès, la menace d’une motion de censure est permanente, aucun  gouvernement ne pouvait et ne pourra jamais avoir cette sérénité, combien même il était et sera animé de la meilleure volonté.

« Il nous faudra désormais apprendre à vivre avec la Covid-19 ». Il fallait prendre particulièrement au sérieux cette déclaration, s’y arrêter et en anticiper la portée.

Avec cent décès dus coronavirus au cours de la seule journée du jeudi 21 janvier 2021, il y a absolument péril en la demeure. Péril parce que le virus semble ne plus vouloir «cohabiter» avec nous. Dans ce cas, la vaccination massive devient l’absolue priorité.

Jawhar Chatty – Ancien rédacteur en chef La Presse.

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Publié par
Tunisie Numérique