Ceux qui le connaissent ou plutôt le connaissaient, disent du Président Kais Saïd qu’il est un infatigable bosseur, minutieux, particulièrement rigoureux en toute chose. Juste et droit, incontestablement. A côté des grands classiques du Droit et des grands classiques de la littérature arabe, il a certainement dû également plonger dans les livres de philosophie, d’histoire, de sociologie…
De grands hommes d’ État avant lui avaient, comme lui, cette fertile et enrichissante curiosité de tout. Cela ne les a toutefois pas empêché, bien au contraire, de s’entourer des meilleurs de leur temps en tout domaine, de prendre auprès d’eux avis et conseils. Leurs éclairages et recommandations étaient pris en considération et cela avait très souvent été déterminant et décisif dans les grands choix qui engagent l’avenir du pays : politiques et institutionnels, diplomatiques, économiques et sociales et sociétales , Éducation et Culture…
Des exemples de grands hommes, l’Histoire en est riche. La liste est même assez longue. J’en citerais ici deux qui ont tout particulièrement marqué l’histoire de leurs pays respectifs pour avoir su provoquer le choc, un grand tournant , et surtout pour avoir, dans la foulée, eu la grande clairvoyance d’éveiller et d’élever leurs peuples ,de prendre rendez-vous avec l’Histoire face aux grands défis de demain… : Habib Bourguiba et François Mitterrand ( De Gaulle aussi incontestablement).
Le premier avait notamment à ses côtés Mahmoud Messaadi, Chedly Klibi, Mahmoud Masmoudi , Habib Chatty, Ahmed Ben Salah , Hedi Nouira et Mansour Moalla, longtemps de fidèles et loyaux compagnons, conseillers de l’ombre avant de devenir des ministres…
Le second, écoutait notamment Jean Daniel qui par ses réseaux, sa profonde connaissance des pays de la Méditerranée du nord et du sud, et de l’Amérique, était une véritable mappemonde…et l’incontournable Jacques Attali, avec Edgar Morin, tous deux déjà depuis longtemps dans la prospective, la géostratégie prospective pour l’un et pour l’autre, les profondes évolutions culturelles, sociales et sociétales qui se dessinent…au lointain horizon.
Le Président Kais Saïd a, le 25 juillet 2021, accompli un Acte historique majeur. Il me semble qu’ il avait alors pris la décision seul , le momentum , c’était lui. Dans son intime et profonde conviction.
Un mois plus tard, la question récurrente, ici comme ailleurs, est : « Et maintenant ? ». Ses détracteurs mettent la pression. Ils demandent à y voir plus clair ! Il se trouve, cependant, que même ses sympathisants, même parmi les plus fidèles, demandent et aspirent aujourd’hui à y voir plus clair.
Il ne faut en effet pas se voiler la face ni être dans le déni, ni encore moins dans la fuite en avant : le risque de désenchantement est là, bien réel. Pour le pays, ce sera alors un véritable gâchis . Avec un goût non pas d’une « révolution inachevée » ou d’une « révolution volée à la jeunesse », mais avec un tel degré de ressentiment qui pourra tout balayer sur son passage.
Le Président Kais Saïd devrait à cet égard peut-être élargir sa sphère d’écoute. A certains sages bien sûr, beaucoup d’entre eux nous ont dernièrement quitté ( Hichem Jait en exemple) , mais il en reste heureusement quelques uns, que je ne citerais pas. Le Président les connait et les reconnaîtra. Ils sont de la même génération.
Elargir aussi la sphère d’écoute à quelques quadra, sincères et loyaux, qui sont presque un train d’union entre deux générations et qui sauront aussitôt être opérationnels au service de la Tunisie et des jeunes générations. Là encore, il ne s’agit pas de citer des noms. Le Président Kais Saïd les connait et les reconnaîtra. Des personnes rares et déterminées qui aspirent à donner un sens et du contenu à l’Acte du 25 juillet. Des qui savent distinguer entre un sou troué, un dinar , un euro et un dollar et qui, immanquablement, seront là non pas pour se servir mais pour servir.
Le Président n’est pas seul. Il a avec lui tout ce vivier de grandes compétences déterminées et sincères. Seulement, il devra savoir les écouter.
PS/ J’ai ici pris tout particulièrement soin de ne citer aucun nom d’aucune quelconque personne que je sais pourtant sincère et engagée pour la Tunisie.
Je vais tout de même, hors propos, citer quelqu’un, rencontré tout récemment à Tunis. Un grand patriote. Une immense fierté tunisienne : Kamel Ben Naceur. Monsieur Énergie, à l’échelle mondiale. Ce monsieur, actuellement président de l’Organisation mondiale des ingénieurs pétroliers, a, il y a quelques jours, été retenu à l’aéroport de Tunis Carthage. Retenu pour « vérifications ». Et non sans beaucoup d’arbitraire. « Relâché » , enfin .
Il repart bientôt à l’étranger. Sachons préserver notre ultime et véritable capital : le Capital humain.
Jawhar Chatty
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