Par Jawhar Chatty : Kais Saied, Rached Ghannouchi, le FMI et le peuple

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Le mouvement Ennahdha a fait samedi au cœur de Tunis sa démonstration de force. Magistralement. Elle n’a pas lésiné sur les moyens. La réaction du président Kais Saied ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Le même jour, de Kairouan,  il s’était élevé, avec des mots qui lui sont propres, contre un tel degré d’ostentation alors même que le pays est au bord de la faillite ( sic). Des propos virulents mais avec des mots propres à lui, c’est-à-dire ambiguës.

Une ambiguïté qui commence sérieusement à entamer sa crédibilité auprès non seulement de son électorat jeune mais aussi auprès de quelques  fidèles  parmi les plus fidèles et lointains lieutenants. Pour l’instant, on lui connaît deux de déclarés, sa conseillère principale et son frère ; il n’est cependant pas dit qu’il les écoute ! Ce qui du reste n’interdit pas de penser qu’ils participent  de cette ambiguïté et qu’ils l’entretiennent.  A quelle fin ? Je n’en sais strictement rien et  là n’est d’ailleurs pas le propos.

La même ambiguïté on la retrouve étrangement dans le discours enflammé d’un Rached Ghannouchi galvanisé par une foule présente aux pieds des statuts d’ Ibn Khaldoun et de Bourguiba. Une ambiguïté nécessaire et utile, la guerre des chefs et les dissidences au sein même d’Ennadha ne sont plus un secret pour personne.

Et maintenant ? Et Après ?

Après le show des uns et des autres, le peuple reste sur sa faim. Et maintenant ? Et puis ? Et après ?

La guerre des chefs au sommet de l’État amuse le peuple pour l’instant. Tel un feuilleton ramadanesque. Beaucoup parmi ce peuple n’ont sans doute jamais entendu parler de Moody’s et du FMI. Et ne savent surtout pas «  ce que c’est ». Je m’en souviens à ce propos d’un jeune fraîchement diplômé de la  faculté des sciences économiques et juridiques de Tunis, venu il y a quelques années à mon bureau pour un petit stage au service Économie du grand journal dont j’étais le rédacteur en chef. Il ne savait pas ce qu’est le FMI. Véridique. Beaucoup donc parmi nos concitoyens ne savent pas ce que c’est. Ils savent par contre et ressentent au quotidien la dureté de la vie.  Érosion du  pouvoir d’achat, déliquescence des services publics…

Demain sera pire quand nous aurons tous fait la connaissance du FMI. Et cela déroutera alors tout le peuple du meilleur des feuilletons ramadanesques.

Jawhar Chatty

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Publié par
Tunisie Numérique