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Par Jawhar Chatty : Le Doyen Sadok Belaid, un grand juriste…d’une autre époque ?

Par Jawhar Chatty  : Le Doyen Sadok Belaid, un grand juriste…d’une autre époque ?

Le Doyen Sadok Belaid, j’en ai entendu parler pour la première fois de la bouche de mon grand frère. Je venais d’entamer ma première classe du lycée après avoir réussi le fameux examen national de la sixième. Et mon frère sa première année d’université après avoir réussi l’examen national du baccalauréat. C’était en 1975. Une éternité. Une autre époque.

Le Doyen Sadok Belaid entre au grand amphithéâtre de la prestigieuse Faculté de Droit de Tunis. La seule à l’époque avant que d’autres sous Ben Ali ne poussent comme des champignons dans les régions, à Sousse, à Jendouba… le début du tachlik des nobles études de Droit.

Sadok Belaid avance donc et face à un amphithéâtre plein à craquer de jeunes étudiants en première année de Droit, il écrit au grand tableau: «L’État » et quitte d’aussitôt les lieux, laissant les jeunes novices se torturer les méninges deux heures durant. Bravo l’artiste ! Impressionnant spectacle qui a longtemps marqué «  ses élèves » qui plus tard ont occupé et occupent encore  de très haute fonctions dans l’Etat.

Impressionnant, le spectacle auquel s’était donné le professeur Sadok Belaid ne demeure toutefois pas moins affligeant. II est symptomatique de toute une époque où l’enseignant se prenait pour le Seigneur en tout et croyais être le Savoir incarné. La suffisance déjà et cette verticalité qui exclut toute démarche participative et inclusive dans le processus de la transmission des connaissances et du savoir.

Le Doyen Sadok Belaid n’a pas changé depuis. On ne change tout de même pas de nature à 79 ans passés!

Le Doyen a formé toute une génération de «juristes» Tunisiens. Dans son domaine, le droit constitutionnel, il est et reste une référence. Il est à ce titre une fierté nationale.

Il est aujourd’hui décrié. Lamentablement mis en pièces par ses historiques adversaires du Campus, le camp des Ben Achour entre autre. Lesquels auraient incontestablement accouru au Palais si le Président KS les avaient «  sollicités» et intégrés dans le processus de construction de la 2eme République. Trop d’hypocrisie et d’opportunisme .

Le tort de KS est peut être d’avoir choisi un vieux de pour la rédaction de la nouvelle Constitution du pays, lui qui entend rompre avec le système et les systèmes. Mais, dans le grand Jurassic park, c’est le Doyen Sadok Belaid qu’il semble avoir trouvé de mieux.

Maintenant que le choix est fait, il faudra espérer que le dinosaure Sadok Belaid sache être perméable aux voix qui portent le nouveau logiciel de la société tunisienne, celle de 2022 et des années à venir.

 

Par Jawhar Chatty

 

 

 

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