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Par Jawhar Chatty : Le FMI, le chaos ou nos enfants, il nous faudra choisir

Par Jawhar Chatty : Le FMI, le chaos ou nos enfants, il nous faudra choisir

Comment bouleverser les choses sans pour autant verser dans les violences et les crimes de la révolution ? Je pose ici la question parce-que tous les ingrédients d’une vraie et réelle révolution semblent aujourd’hui objectivement réunis. Une crise inouïe au sommet de l’État avec des protagonistes qui  jouent aux prolongations sur fond d’une économie en récession, le mot est faible, et d’une société tendue, à bout de nerfs, en latente explosion.

Cette fois-ci, l’étincelle ne viendra pas de Sidi Bouzid. Elle viendra de Washington DC, du siège du FMI. Personne, cette fois-ci n’ira  s’immoler pour une gifle reçue ; le petit peuple recevra la gifle du FMI et s’en ira, vacciné qu’il est désormais, faire sa révolution. Ce sera la révolution des gueux et d’une jeunesse intransigeante.

Nous avons beaucoup ri ces derniers jours des correspondances échangées entre Carthage et la Kasbah. Nous en avons ri jusqu’au larmes. La grande théâtralité des échanges entre les deux palais nous amuse, nous divertit et nous pervertit par la même occasion, et c’est là où réside le grand danger. Le danger de voir la crise au plus haut sommet de l’Etat s’enliser, jouer aux prolongations sur fond d’une crise économique et financière sans précédent et que  notre divertissement nous empêche de voir notre réelle chute, notre descente aux enfers. Une descente aux enfers que paieront très très cher nos enfants.

Le FMI est à nos portes. Le programme d’austérité est déjà là. La grande erreur serait de diaboliser de nouveau le FMI, même si, il faut le dire, il a un peu par le passé contribué à la situation où se trouve aujourd’hui le pays. Aucun gouvernement  ne pourra échapper au nouveau diktat du FMI. Au vu de l’état actuel des finances publiques et du niveau insoutenable de notre endettement extérieur,  aucun gouvernement ne pourra engager quoique ce soit en termes de réformes, d’investissement, de transferts sociaux. L’UGTT le sait. En est-elle pour autant consciente ? Je crois savoir que oui. Le cabinet du  chef du gouvernement Mechichi en est-il conscient ? Sans doute, mais le chef du gouvernement a pour l’instant d’autres chats à fouetter…

Le président du Parlement en est-il conscient ? Oui. C’est peut être même ce qu’il attend !

Le cabinet de la Présidence de la République en est-il conscient ? Grand mystère. Ce que sais personnellement, c’est qu’à Carthage en est conscient qu’un programme d’austérité frappe en premier et presque exclusivement les petites gens.

J’en appelle à la sagesse des uns et des autres, à ce sens du patriotisme qui se fait hélas rare. Il y a péril en la demeure.

Jusque-là demeuré discret, j’en appelle aux sages de ce pays, j’en appelle tout particulièrement à Kais Saïd, président de la République, à sa droiture et à son souci de l’État, du Droit et de la Justice sociale à éviter au pays, à nos enfants, une irrécupérable descente aux enfers.

Jawhar Chatty

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