L’épidémie du COVID 19 a extraordinairement fait redécouvert au monde une matière, un métier, sans doute parmi les plus vieux du monde, et une profession de foi. La médecine, les médecins et, pour reprendre la définition que lui donne Moncef Guiga, cette « science culturelle » qui fait que profession de foi et pratique de la médecine sont par essence foncièrement indissociables. Un lien organique que comme il n’en existe nul pareil dans aucun métier…le barreau et la magistrature et les avocats peut être et à la limite.
C’est ce lien, cette particularité, qui fait que depuis l’Antiquité et la médecine primitive, les patients que nous sommes tous étions et sommes toujours sentis en confiance entre les mains de nos guérisseurs. Une relation de confiance, presque charnelle. L’art puissant de la suggestion, l’effet placébo, la dimension magico-Irrationnelle sont les ingrédients dans tout processus de guérison. Depuis toujours et encore aujourd’hui et l’on se prend déjà à se demander si l’IA et les médecins hominoïdes pourraient intégrer cette dimension ‘presque charnelle’. Pourront-ils « toujours accueillir les gens avec le sourire et respecter leur dignité » ?.
Le sourire et le respect de la dignité. Alléger la souffrance et au mieux guérir. Extirper cette peur, ce démon indélébile inscrit différemment dans nos gènes, cette peur. La Médecine, l’art de guérison, l’art d’extirper la douleur, l’art de guérir et de pouvoir remettre de nouveau à pieds, de réparer, d’embellir même les corps. Cette Médecine est un Pouvoir. Une détention incontestable d’un certain pouvoir.
Cent soixante-huit pages, en comptant les quatre pages de couverture. Ce n’est pas seulement à la découverte d’une « Une certaine histoire de la médecine » que le Dr. Moncef Guiga nous invite, mais également à une introspection de nous-mêmes médecins, guérisseurs et patients. A un exercice d’autoréflexion en somme. A un questionnement sur la Vie, le sens de la vie, du bien-être, du mieux-être.
Il cite le grand Averroès en tête du livre : « L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l’équation. ». Au scalpel.
Au scalpel, le grand chirurgien qu’il est dit exactement les choses. L’immense amoncellement du savoir et des connaissances, de siècle en siècle, de toutes les sciences et de toutes les non sciences, de la rhétorique et de la littérature, de l’histoire, du droit, de la sociologie, de la philosophie…tout ça, est la Médecine. Le grand progrès, la science, les nouvelles technologies, les nanotechnologies, l’IA…
Reste (restera ?) le Sourire et le Respect de la Dignité.
Là ce niveau, ce n’est plus tout à fait un livre. C’est Une leçon de vie dont devront absolument s’enrichir toutes nos bibliothèques. Un livre que tous les toubibs en exercice devront agréablement lire entre deux séances de spa. Cela aura le grand mérite de rappeler à certaines brebis galeuses (du secteur privé notamment) la grande noblesse de leur métier.
Le ministre de la Santé devra d’urgence s’en enquérir une copie.
Le Palais de Carthage certainement aussi. Même si l’on croit savoir que c’est déjà fait !
Les alités y trouveront un immense réconfort.
Né à Tunis en 1950, Moncef Guiga a pratiqué la chirurgie réparatrice et esthétique entre 1978 et 2018. Diplômé de la Faculté de Médecine de Paris, il a travaillé à Tunis à l’hôpital Aziza Othmana et à l’Institut Salah Azzaiz.
Jawhar Chatty
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