On ne fait rien. On proroge tout au plus jusqu’au 14 février les mesures qui ont été prises deux semaines avant et qui, de l’avis des experts, ont été d’une inefficacité avérée. Pis, ces mesures ont accentué la propagation de la Covid 19.
Ce genre d’attitude porte un nom : le SMIC syndical en termes de responsabilité. Nissaf Ben Alaya le dit d’ailleurs à demi-mots. D’une voix saccadée et tremblotante, elle nous lance en pleine figure un paquet de mesures réchauffées dont elle n’est elle-même pas convaincue. La «situation est hors contrôle», elle a eu l’audace tout de même de le dire. Elle prend un grand risque; celui d’endosser la responsabilité d’une éventuelle hécatombe. On y est presque, avec plus de cent décès Covid-19 en seule journée. Un risque que devrait prendre et devront assumer les politiques, le chef du gouvernement et non les experts.
Là n’est cependant pas le propos. La question de la responsabilité qu’on délègue, pour se défausser par la suite, est devenue une pratique courante. Refiler la patate chaude est devenue une culture. Face à la pandémie qui avance, cette question, pourtant importante, devient absolument secondaire, presque futile.
Non, ce qui devrait principalement nous préoccuper aujourd’hui et les jours à venir est de savoir comment nous protéger nous-mêmes et nos proches, de ce virus. Face à la pandémie, la responsabilité individuelle chacun n’a jamais été aussi impérieuse qu’aujourd’hui. Le gouvernement, on vient à nouveau de le constater, ne fait rien. Ce n’est pas parce qu’il ne veut rien faire mais parce qu’il ne peut, objectivement, rien faire plus que ce qu’il a fait jusque-là.
Les finances publiques sont exsangues, tout arbitrage devient impossible. Ce sentiment d’impuissance que nous donnent aujourd’hui à voir le gouvernement et les sphères du pouvoir politique n’a guère de rassurant. C’est à vau-l’eau, à la limite du nihilisme d’Etat!
Qu’est ce qui nous reste dans ces conditions? Il est impératif d’être pleinement citoyens. C’est-à-dire être solidaires et responsables, savoir nous protéger nous-mêmes et protéger l’Etat.
Jawhar Chatty – Ancien rédacteur en chef La Presse.
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