Par Khelil Lajimi : Urgence signalée

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La rue gronde. Le confinement sans mesures d’accompagnement aux plus démunis est intenable. Les responsables locaux sont pris d’assaut. Nous risquons de perdre la partie sanitaire à cause des mouvements sociaux qui naissent.

Le gouvernement doit réagir immédiatement. J’ai l’impression qu’il se concentre sur l’urgence sanitaire en délaissant les aspects économiques et sociaux. C’est une erreur d’appréciation impardonnable. Ces deux dossiers, brûlants, doivent être gérés concomitamment.

Sur le plan sanitaire

Donner les moyens humains et matériels aux hôpitaux. La seule mesure efficace, à mon sens, c’est une campagne de dépistage massif qui permettrait de localiser les foyers de contamination pour les contenir et traiter les malades. C’est une mesure qui limiterait le confinement aux seules personnes infectées et ouvrirait la voie à une levée partielle du confinement aux personnes saines. L’activité économique reprendrait son cours progressivement.

Sur les plans économique et social

Aider l’ensemble du tissu économique toutes tailles confondues, du plus petit artisan à la grande entreprise structurée, avec comme objectif prioritaire le maintien de l’emploi pour garantir les revenus des salariés et des non salariés. La mesure serait de fournir la trésorerie à l’ensemble des entreprises qui en feraient la demande. Les banques se chargeraient de la mise en œuvre moyennant la garantie de l’Etat.

Du côté social, apporter toute l’aide requise pour les catégories les plus faibles et aux plus démunis. Commencer par des aides financières en attendant de mettre en place des aides alimentaires en nature qui nécessitent une logistique assez lourde. On pourrait s’appuyer sur le réseau expérimenté de l’UTSS (Union Tunisienne de Solidarité Sociale) et les délégations qui maillent l’ensemble du territoire.

Pour le financement de ces mesures l’Etat dispose, aujourd’hui, de 250 millions d’euros de l’UE, de 400 millions de dollars du FMI, de 50 millions d’euros de l’Italie et des ressources du fonds 18-18 (dont 112 millions de dinars du secteur bancaire). En outre, la baisse du prix du baril de pétrole par rapport à l’hypothèse de la loi de finances 2020, au moins 30 dollars multipliés par 120 millions de dinars par dollar pendant neuf mois, économiserait 2700 millions de dinars au budget de l’Etat. L’enveloppe totale s’élèverait ainsi à environ 5 milliards de dinars. Avec ces moyens, le gouvernement devrait engager le plus rapidement possible ces mesures.

Éventuellement et si ces ressources budgétaires ne venait pas à suffire le déficit budgétaire serait la solution, sachant qu’un point de déficit apporte 1200 millions de dinars.

En cette année d’urgence il serait suicidaire de penser à la rigueur budgétaire. Il en va de la stabilité du pays, de sa cohésion sociale et de la préservation du tissu économique.

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Publié par
Tunisie Numérique